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lycée banlieue culture
25 mars 2008

Habib Bourguiba 1958


habib bourguiba et la guerre d'Algérie, 1958
 

 

 



1954 : début de la guerre d’Algérie

1956 : indépendance de la Tunisie mais la France garde jusqu’en 1963 une base à Bizerte. H. Bourguiba devient président de la Tunisie.

8 février 1958 : l’aviation française bombarde le village tunisien et frontalier de Sakiet qui abritait des indépendantistes algériens. 69 morts. 

13 mai 1958 : prise du gouvernement général à Alger et formation du comité de salut public (début de coup d’Etat).

1 juin 1958 : formation du gouvernement de Gaulle en France.

 

 

Habib Bourguiba, De Gaulle face à la révolution africaine, L’Express n° 864, 3 juin 1958

 

« [...] Il y a quelque chose de beaucoup plus important qui arrive en ce moment : les leaders du FLN se politisent ; ils s’adaptent, ils font des progrès considérables et manifestent une maturité qui va surprendre. [...] Et ce ne sont pas les ralliements contraints ou résignés qui changeront les données du problème. Alors lorsque je vois que l’on spécule sur cette fraternisation artificielle pour envisager l’avenir, que voulez-vous que je me dise d’autre que la France est en retard sur l’évolution de l’histoire, qu’elle prend ses désirs pour des réalités, qu’elle n’est pas prête pour ce qu’on croyait être un rôle nord-africain. [...]

Les ultras d’Alger croient probablement avoir remporté une victoire le 13 mai ? Les imbéciles ! Il n’y a eu qu’une seule victoire ; et c’est le FLN qui l’a remporté. A cause d’eux, la France a été coupée en deux, elle est à deux doigts de la guerre civile, son économie est à bout, elle devient de plus en plus dépendante ! [...] La France n’est plus au niveau des responsabilités qu’elle a assumées dans son histoire, parce qu’elle n’a pas la force d’opérer la totale reconversion de son ancien empire. [...]

Que la France veuille être grande, nous ne pourrons y trouver que des avantages, mais si cette volonté de grandeur signifie pour nous le maintien dans l’infériorité, l’association dans la contrainte, bref une fausse reconversion, une illusion de libéralisme, de générosité, comme on dit parfois avec mépris, alors pour nous cela revient exactement au même. Il faut que chaque Français se résigne, s’il ne veut pas y applaudir, à l’indépendance complète, à la souveraineté totale, à la dignité totale de tous les peuples jadis colonisés.

Et ceci est valable pour l’Algérie. De quelque manière que vous preniez le problème, vous buterez toujours contre cette exigence. [...] Est-ce que la France a vraiment essayé en Algérie de faire autre chose qu’une guerre, ou une pacification qui relève de méthodes d’il y a un siècle - encore ces méthodes d’il y a un siècle n’ont-elles réussi que provisoirement, et grâce à la complicité du monde entier (complicité qui joue maintenant, au contraire, en faveur des colonisés) - ?

Vous me demandez de laisser une porte ouverte, de faire un appel - un autre !- de formuler une espérance.

Evidemment, même si je suis las d’espérer en la France, je n’ai pas le droit de ne pas accueillir ce qui peut arriver. Le miracle, quoi ! Mais alors, il faut des actes. Par exemple : la France veut-elle vraiment avoir avec nous, tout de suite, un dialogue efficace et loyal ? Et bien ! qu’elle évacue tout de suite le territoire national tunisien. [...] Qu’elle proclame la souveraineté tunisienne sur une partie du territoire tunisien : j’ai nommé Bizerte. Après, on pourra discuter de l’utilisation de la base. [...]

Si après Sakiet et tous ces récits que l’on nous fait de la guerre d’Algérie, vous n’avez pas suffisamment de sens psychologique pour comprendre que pendant un certain temps l’uniforme militaire français est pour nous un spectacle irritant, que voulez-vous que j’attende ?

Mais voilà : ce sera un pas décisif ! partez ! Que votre armée s’en aille enfin ! Que je ne sois plus à la merci de l’uniforme ! Que je n’aie plus à négocier sous la pression ! Et puis revenez : vous serez alors mieux accueillis. Nous parlerons. Et si vous êtes arrivés à cette reconversion miraculeuse, nous parlerons avec efficacité, avec profit. »

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