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lycée banlieue culture
20 mars 2008

Azaria de Rossi et l'esprit de la Renaissance

 

AZARIAH DE ROSSI (1511-1578)

 

 

Documents pour un cours de 2de sur la Renaissance

 

 

Document 1

 

Azaria ben Moïse dei Rossi, né à Mantoue vers 1514, d'une ancienne famille italienne (décédé en 1578). (fut) de beaucoup en avance sur son temps. (...) Érudit passionné, de Rossi connaissait toutes les oeuvres juives, était familier avec l'histoire de la littérature latine et avait étudié la médecine. Après avoir habité successivement Ferrare et Bologne, d'où les persécutions le chassèrent, il s'établit une seconde fois à Ferrare. Il entretint des relations avec les savants de son temps, qu'ils fussent juifs, marranes ou chrétiens et tous admiraient l'étendue de ses connaissances. (...) Le premier il compara deux littératures qui paraissaient n'avoir aucun rapport, les ouvrages rabbiniques et les produits de la civilisation judéo-­grecque. (...) Il put contrôler à l'aide de témoins différents les faits rapportés par l'histoire. Il ne consentait pas à recevoir sans examen les informations du passé mais tenait à les soumettre à vérification. (...)

C'est surtout dans sa Lumière des Yeux (en hébreu, Meer Enayim), composée en 1575, que dei Rossi déploie ses qualités d'érudit et de critique sagace. Il compare les passages du Talmud et d'ouvrages profanes sur des points d'histoire et d'archéologie, et il arrive à ce résultat que bien des assertions du Talmud, acceptées par les coreligionnaires de son temps comme la vérité, ne supportent pas un examen sérieux. Ce livre, si hardi pour l'époque, scandalisa bien des Juifs. (...)

 

Hirsch GRAÈTZ,Histoire des Juifs, traduit de l'Allemand par MM. Wogue et Bloch. 

http://perso.wanadoo.fr/fdomi. foumier/Generalife/H_Juifs/H_J u ifs_26. htm

http://www.mediterranee-antique.info/Moyen_Orient/Graetz/H_Juifs_00.htm

 

 

Document 2

Un événement le détermina à publier ses écrits et à se consacrer plus à la critique historique qu'à la médecine : il s'agit du séisme qui dévasta Ferrare en 1571. L'auteur y vit une intervention de Dieu et décrivit cet événement dans l'introduction de son ouvrage, Dol Elohim, La voix de Dieu. (...)

Azariah fait son profit d'écrits non-Juifs (...). Il cite des historiens comme Hérodote et Xénophon et des géographes comme Pline et Strabon. (...) Il ne néglige pas les Pères de l'Eglise et cite Eusèbe, Jérôme et Augustin, Justin Martyr et Clément d'Alexandrie. Pour les maîtres médiévaux chrétiens, il cite Thomas d'Aquin, Hughes de Saint-Victor, Dante, Pic de la Mirandole etc. (...).

Certains passages de la littérature talmudique [religieuse juive] relatent un épisode étrange concernant Titus [empereur romain], le destructeur du second Temple de Jérusalem. Une sorte de moustique se serait introduit par son nez dans son cerveau où il aurait atteint la taille d'un petit pigeon, provoquant sa mort après des années de souffrance. Les Sages présentaient cela comme une punition infligée à un homme qui défia Dieu et détruisit son sanctuaire.

Intrigué par un tel conte, Azariah réagit en historien comparatiste qui recense d'abord les différentes mentions de cet épisode.

Il mentionne les Chapitres de Rabbi Eliézer, les passages de Genèse Rabba, de Lévitique Rabba et enfin de la gemara de Câlin 56b. Dans d'autres passages, notamment dans le midrash Tanhuma sur Nombres 19 ; 1 - 22 ; 1 on reprend la même histoire augmentée de détails dont certains heurtent l'ordre naturel des choses. Pour juger de la véracité des éléments contenus dans ces sources juives anciennes, Azariah mobilise ses connaissances médicales : il remarque qu'entre le cerveau et la boite crânienne il n'y aurait jamais eu assez de place pour un pigeon d'une année pesant deux livres. Par ailleurs, des médecins contemporains attestent - tout comme un passage de Hullin 58a - qu'aucun invertébré ne peut vivre plus d'un an. Or, les sources juives parlent de six années aux cours desquelles Titus souffrit.

D'autres invraisemblances apparaissent : l'année où l'on fait mourir Titus est, selon des chroniques fiables, celle de son accession au trône. Azariah cite aussi le témoignage de l'historien Dion Cassius (IIe-Ille siècles) qui évoque la mort de Titus par empoisonnement. Par ailleurs, un historien, Augustin Ferentillus, attribue ce décès non à Titus mais à Antiochus Epiphane (roi grec). Et ceci se trouve confirmé par le second livre des Macchabées dans la Bible (ch. 9).

De tout ce qui précède il apparaît que l'histoire racontée par les sources rabbiniques est composite et qu'elle ne s'est jamais déroulée ainsi, ni en partie ni en totalité. Il faut, écrivait-il, tirer le meilleur de ces légendes, c'est-à-dire les interpréter allégoriquement, sans y voir une réalité historique. (...)

 

 

D'après Maurice-Ruben HAYOUN,AUTOUR DE LA RENAISSANCE, conférence du 10 janvier 2002

http://www.consistoire.org/mrh/conf100102.asp

 

 

Titus2Documents annexes

 

• Entre 167 avant J.-C., la Palestine appartient au royaume syrien d'ANTIOCHUS EPIPHANE qui veut détruire la religion juive et helléniser le royaume. Il prit d'assaut les remparts de Jérusalem, brûla les maisons, pilla le trésor du temple, profana les autels, emmena le bétail et les femmes et les enfants juifs qu'il décida de vendre comme esclaves. Puis il abolit le culte juif et le remplaça par celui de Zeus. Les seuls juifs autorisés à rester sont ceux qui acceptent de renier leur religion.

Au coeur des montagnes de Juda, la résistance s'organisa. Le prêtre Mattathias MACCABEE donna le signal de la révolte. Cette révolte sera connue sous le nom de "révolte des frères Macchabée".

 

• TITUS FLAVIUS VESPASIANUS dit TITUS (né en 39, mort en 81).

Empereur romain en 79. TITUS mourut prématurément d'un mal inconnu, le 13 septembre 81.

Au 1er siècle, les troupes de Titus s'emparent de Jérusalem : le Temple est brûlé et les habitants sont déportés comme esclaves. Le Temple, bâti par Salomon en 970 avant J.-C. et reconstruit par Hérode en 19 avant J.-C., était le symbole et le centre du pouvoir religieux et politique des Juifs. L'actuel Mur des lamentations est un vestige du mur occidental de soutènement de l'esplanade du Temple. Titus ordonne le massacre des révoltés et environ 60.000 Juifs sont tués.

• DION CASSIUS, historien grec, né à Nicée en Bithynie vers 170 ap. J.-C., mort vers 235.

• Vers 100 avant J.-C. les Pharisiens firent des interprétations orales de la Torah qui furent misent par écrit à la fin du Ile siècle et constituent la Mishna (= enseignement). Vers la même période, des commentaires de la Torah effectués par les rabbins donnèrent naissance au Midrash.

A la fin du Ve siècle en raison des persécutions, ces enseignements furent réunis dans une compilation nommée Gemara (complément). La Mishna et la Gemara forment le recueil qu'on appelle le Talmud.

 

Conseils d’utilisation

 

Module pour un cours de seconde sur l’Humanisme et la Renaissance.

L’intérêt est de montrer aux élèves que l’Humanisme ne se résume pas à la civilisation catholique puisque l’on a ici un auteur juif, italien, influencé par Pic de la Mirandole.

Le caractère amusant de ce récit plaira aux élèves.

Critiquer les légendes anciennes ne peut pas faire de mal, surtout devant un public d’élèves de banlieue sensible.

 

 

Questions à poser aux élèves 

- Qui est Azaria ? 

- Définissez "humanisme". 

- Décrivez en quelques phrases cette légende juive du Moyen Age.

- Montrez en quoi Azaria utilise-t-il une méthode scientifique pour critiquer cette légende

Comment se sert-il de la Bible ?

Et des historiens antiques ?

Et des livres de médecine ?

- Conclusion : comment faut-il comprendre ces légendes ?

On veillera (sans illusions exagérées...) à ce que les élèves ne fassent pas de paraphrase.

 

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