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lycée banlieue culture
2 avril 2009

Développement durable : pour ou contre ?

Les enjeux du développement durable

Historiens et géographes n° 405 janvier-février 2009

Par Sylvie BRUNEL 

Professeur à l’Université de Paris IV-Sorbonne, agrégée de géographie, docteur en économie.

monde

Note de lecture 

1) Premier slogan du développement durable : « il n’existe pas de planète de rechange ». 

Problématique du rapport croissance démographique/caractère limité des ressources naturelles.

Faux problème.

Le taux de natalité et le taux de fécondité baissent partout, même en Afrique noire et dans les pays musulmans. En Algérie par exemple le taux de natalité est passé de 22 p. mille en 2003 à 17 p. Mille en 2008. Nous plafonnerons à neuf (peut-être dix) milliards d’habitants en 2050 et ce niveau ne sera plus jamais dépassé. Il n’y aura plus jamais de doublement de la population mondiale. Il s’agit d’une rupture fondamentale avec la situation démographique des XIXe et XXe siècles. Le problème sera désormais celui du vieillissement.

De plus il existe des réserves de ressources naturelles. Les réserves de charbon sont considérables ; dans plusieurs pays cette forme d’énergie n’est plus exploitée pour des raisons de coût financier et de pollution de l’air mais ce n’est pas du tout un problème d’épuisement des gisements.

Dans beaucoup de domaines le progrès technique peut bouleverser la donne.

2) Deuxième slogan : « imaginez si chaque Chinois possédait une voiture ». 

Ce slogan a des connotations colonialistes et sous-entend qu’un niveau de vie élevé doit être réservé aux pays occidentaux.

Il a aussi le défaut de sous-estimer le développement rapide de la science. Celle-ci a déjà considérablement modifié et amélioré notre existence et cela continuera ainsi. Les véhicules du XXIe s. seront bien plus économes que ceux du XXe s et utiliseront de nouvelles formes d’énergie. Par exemple, la voiture électrique n’est pas encore parfaitement au point mais cela viendra. Il en sera de même pour le chauffage et l’isolation des bâtiments et bien des objets de la vie quotidienne.

La grande vertu des forces écologistes consiste justement à servir d’aiguillon pour encourager les industriels et les chercheurs à faire de nouveaux progrès. Comme le mouvement syndical, les écologistes sont un groupe de pression indispensable ; s’ils n’existaient pas il faudrait les inventer. Ce qui ne veut pas dire que les écologistes sont infaillibles.

La protection de l’environnement ne doit pas devenir un argument hypocrite servant à établir de nouvelles barrières douanières renforçant le protectionnisme. Le protectionnisme mêne au chômage, à la dictature, à l’intolérance et à la guerre.

Notre devoir et notre intérêt bien compris consistent au contraire à encourager les pays du Sud à pénétrer sur nos marchés afin de développer leur économie et leur niveau de vie. S’ils s’enrichissent, ils deviendront des marchés pour nos entreprises. Leurs salaires s’élèveront ce qui rétablira une concurrence plus loyale entre eux et nous.

D’autre part, on ne le répétera jamais assez, les ressources naturelles ne sont pas finies une fois pour toutes.  Qui aurait prévoir vers 1810 que le pétrole, le gaz naturel, l’uranium et l’aluminium seraient si abondamment utilisées au siècle suivant ? Il y a sur notre planète des ressources encore insoupçonnées ou trop peu développées  : L’hydrogène ? L’énergie éolienne ? La force des marées ? Le soleil ? Les capacités d’invention et de rebondissement de l’être humain sont immenses.

On prévoyait en 1970 l’extension des famines dans le Tiers Monde et cela ne s’est pas produit. Le nombre de personnes sous-alimentées est resté stable.

Troisième slogan : « l’homme est en train de détruire la planète, nous allons laisser à nos enfants une planète saccagée où la biodiversité aura baissé ». 

C’est faux. De nombreuses espèces animales et végétales disparaissent, certes, mais beaucoup d’autres aussi ont été sauvées de l’anéantissement. Grace aux écologistes, justement. La biodiversité reste immense. Les chiffes utilisées par les protecteurs des animaux annonçant une catastrophe reposent souvent sur des indicateurs mal calculés et fortement discutables.

D’autre part, il n’existe aucun milieu totalement « naturel » sur la planète. Nos forêts européennes sont des constructions humaines, et l’une des plus grandes forêts d’Europe occidentale, la forêt landaise, avait une étendue beaucoup plus réduite au Moyen Age. Les savanes africaines aussi ont été construites par l’homme : ce sont des savanes arborées, en réalité, et beaucoup d’espèces d’arbres y furent plantées par les humains. Les grands parcs « naturels » d’Amérique du Nord sont une construction du XIXe s. L’homme est donc capable de renforcer la biodiversité s’il en décide ainsi.

Ne soyons pas catastrophistes et pessimistes. Aucun espace dit « naturel » ne reste figé pour toujours. La transformation est permanente. On ne peut pas décider qu’un paysage doit absolument resté figé dans l’état qu’il avait vers 1900. Il y aura toujours transformation.

Ne sacralisons pas la nature.

Lectures conseillées

Sylvie Brunel, Le développement durable, collection Que sais-je ?, éditions PUF.

Sylvie Brunel, A qui profite le développement durable ?, collection Histoire, éditions Larousse.

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