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lycée banlieue culture
3 janvier 2009

Néo-communautarisme et citoyenneté

Gérard Raulet, Néo-communautarisme et citoyenneté

in Actuel Marx n°24, 1998 : Habermas une politique délibérative.

Extraits de l’article

Page 58.

Le républicanisme intransigeant n’est de toute évidence plus adapté à une société civile fortement différenciée, voire morcelée. De là à accepter la conclusion qu’en tirent les néo-communautaristes américains, - qui consciemment ou inconsciemment rejoignent Rousseau, pour qui la république démocratique n’était viable que pour les petits Etats -, il y a évidemment une marge qu’un Français ne peut que respecter : le modèle républicain a fonctionné dans une « grande » Nation et il aurait même pu fonctionner dans cette grande nation élargie à ses colonies. Dans une large mesure pourtant, l’atomisation de la société civile rend le modèle américain pertinent pour la problématique républicaine européenne en général et française en particulier – ce qui peut excuser l’actuelle fascination des philosophes allemands pour le débat américain sur le communautarisme et leur désintérêt pour celui qui agite la citoyenneté française et qui mérite pourtant d’être intégré dans la discussion, du fait même qu’il est mesure, si on le l’abandonne pas en route, d’engager une rénovation de la notion de la citoyenneté.

Le constat que dresse Michael J. Sandel, l’un des représentants du néo-communautarisme américain, rejoint en tous points celui que nous avons formulé à partir de l’exemple français. La conception américaine de la « république nationale » avec son patriotisme et son culte des vertus civiques, n’a pas résisté à l’hétérogénéité de la nation et a cédé la place à la conception libérale d’une « république procédurale » dans laquelle la procédure équitable remplace l’attachement à des valeurs et à des buts communs. On peut y voir, avec Rawls, le point le plus faible des théories libérales. Quoiqu’il en soit, l’un des mérites du « communautarisme » américain est d’avoir compris que le morcellement de la société ne doit pas être conçu comme un fléau moderne auquel il faudrait opposer la cohésion de la communauté, mais qu’il est aussi la condition sine qua non de la démocratie.

Page 60.

Cette conception procédurale ne rompt pas seulement avec les appartenances substantielles mais aussi et au premier chef avec le transcendantalisme d’une morale de type kantien, comme celle qui habite le républicanisme français.

Page 62.

Seule la différence est le « vecteur de la démocratie », c’est-à-dire que les oppositions, loin de disparaître, sont devenues le mode de fonctionnement « normal » de l’intégration.

Page 63.

A place des parlements et des partis, le citoyen fait appel, pour défendre sa liberté individuelle, aux tribunaux, aux administrations et ajouterons-nous, à des associations caractéristiques de la tendance à la tribalisation communautaire puisqu’elle sont crées dans le but exprès de faire valoir des différences.

Page 66.

Le patriotisme réside pour elle [la démarche néo-communautariste] plutôt dans la capacité du citoyen à « approuver la diversité sociale que dans le fait de jurer fidélité à une "République une et indivisible" ».

Page 67.

Qu’advient-il, objecte Brunkhorst, lorsqu’un groupe se refuse à soumettre sa position à toute justification par le débat ?

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