Pédagogie et psychanalyse

L’enfant et sa famille entre pédagogie et psychanalyse

Sous la direction de Michel Mathieu, Pierre Privat, Serge Boimare

Editions érès 1997.

4me de couverture

« Que la psychanalyse quitte son cadre de référence pour s’intéresser au champ du soin et de la pédagogie a suscité, au sein des milieux concernés, non seulement des réticences, débats passionnés mais aussi bouillonnements des idées et créations… C’est dans ce contexte qu’est né – voilà cinquante ans, le centre Claude Bernard dont le projet était d’associer la psychanalyse à l’exploration et au traitement des difficultés psychologiques, pédagogiques et familiales de l’enfant et de l’adolescent. Cet ouvrage rend hommage à cette expérience novatrice qui a été à l’origine des centres médico-psychopédagogiques.»

Jean-Jacques Guillarmé, Le monde privé de l’enfant et le monde social de l’école

Page 90

« C^'est dire que, si l'on demande beaucoup à l^'enseignant, on demande aujourd^'hui presque tout à l^'enseignement. La délinquance, la violence sociale, les toxicomanies augmentent-elles ? L^'école, dit-on, doit s^'en préoccuper. Mais il y a aussi le brossage des dents pour éviter les caries, les « stops à respecter, les équilibres alimentaires à connaître, la prévention des accidents domestiques, le petit «clic » de la ceinture, les arbres du souvenir à planter, le tabagisme à endiguer et la prévention des maladies sexuellement transmissibles ! Pas un mois, pas une semaine, pas un jour bientôt sans qu^'une grande cause nationale ne prenne le relais. Et puis, voici en prime les valeurs morales, dont les adultes sont si friands : l'honnêteté, la rigueur, le respect de la parole donnée, l’attention aux plus démunis, le travail bien fait. Toutes les grandes et les petites vertus à sauver. ».

Page 91

« Si la distance culturelle entre le monde privé de l'enfant et le monde social de l'école est suffisamment faible et si le sujet est en quelque sorte autorisé par son groupe à se séparer un moment des modes de relations qui caractérisent sa lignée, s'il se sait par ailleurs suffisamment aimé pour quitter sans risque pour tin temps son foyer, alors il vivra sans anxiété cette séparation transitoire et même il la souhaitera car elle sera pour lui source d^'enrichissement reconnu. Elle contribuera dès lors à une amélioration de l’estime de soi.

Mais si la distance est trop grande, ou si l^'enfant est inscrit dans un désir trop incertain, trop transparent, alors tout naturellement il transportera dans l’école, la classe, la cour de récréation, ce monde privé qu^'il ne peut abandonner sans risquer la rupture avec son origine. »

Page 93

[Deux menaces pour l’aide psychopédagogique :

Le pédagogisme qui conduit l’enseignant à ne pas changer de points de vue.

Le psychologisme qui use souvent d’un déterminisme un peu étroit.]

Page 94

[Faut-il intégrer les enfants en difficulté à l’école ?]

« Dès que l’école ne pourrait plus supporter « l’écart », dès que la déception pédagogique avec son cortège de projections personnelles, de culpabilité retenue et d’espoirs déçus aurait « gauchi » la relation, on se séparerait du quidam. […]

D’abord il faudra sans doute que l’éducation spécialisée, l’aide et la prévention, pour mieux servir l’école, s’éloignent d’elle à certains moments, qu’elles se tournent vers d’autres milieux […] ».

Note de l’auteur de l’article.

Voir les propositions que nous présentons dans La réussite de l’élève en difficulté, tome 1 : Comprendre, tome 2 : Agir, éditions EAP, 95 bld de Sébastopol, 75002 Paris.

Jean-Jacques Poncelet, Un travail de psychothérapie de groupe dans le cadre du Bureau d’aide psychologique universitaire.

Page 244 et 245 du livre : réflexion sur le phénomène du bouc émissaire dans un groupe. Ici, dans une psychothérapie de groupe.

Une fille transgresse une règle de base du groupe et oser manifester ce que beaucoup avaient envie de dire au fond d’eux-mêmes. Elle se fait « engueuler » par les autres et un silence lourd s’installe. L’auteur de l’article parle d’identification inconsciente. « Celle-ci est déniée car source de danger ». La fille était devenue un bouc émissaire. La situation est violente.

Je suis persuadé [c’est l’auteur du blog qui parle] que cela arrive souvent dans les classes ou dans les groupes d’enseignants. Des boucs émissaires.

Marue-Claire Maugars, Etudiants : quête d’identité et choix des études

Note de l’auteur du blog.

Le centre Claude Bernard reçoit non seulement des enfants mais également des étudiants. Je crois que c’est le seul ou un des rares centres parisiens à le faire. Cet article interpelle les profs. Que deviennent nos élèves de terminale ? Quelle catastrophe lorsque nous apprenons qu’ils s’engouffrent dans des filières sans débouchés. Enfin… catastrophe… certains collègues estiment que cela ne pose aucun problème, que le but des études c’est de s’accomplir. Le droit à l’enrichissement intérieur… Oui, certes, mais on ne peut pas rester étudiant toute sa vie. Que se passera-t-il ensuite si on n’a pas de qualification correspondant aux besoins du marché ?

Page 234

« Cette recherche angoissée de quelque chose qui leur plairait, cette incertitude sur les études que l'on rencontre souvent, cette absence de projet pour l'avenir sont autre chose qu'une recherche de motivation pour un métier. En fait, c^'est une recherche d^'eux-mêmes, de leur identité.

Peur et absence de projet sont le reflet de cette incertitude intérieure. En effet, ce qu^'ils appellent parfois eux-mêmes leur « errance « n^'est pas seulement un symptôme montrant leurs hésitations mais plutôt une difficulté d'avoir des repères internes. Les troubles autour de l'identité et de l^'identité sexuelle sont particulièrement caractéristiques des cas que nous suivons. Parfois, le choix des études peut être directement en relation avec cette recherche intérieure. »

Page 235

« Si l’investissement [dans les études] est indispensable, une certaine distance l’est aussi ».