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lycée banlieue culture
24 avril 2008

Frontière USA/Mexique

la frontière États-Unis/Mexique

Cours de 2de

Je me suis fortement servi du texte suivant que j'ai transformé en cours pour lycéens : Ayse Ceyhan , « États-Unis : frontière sécurisée, identité(s) contrôlée(s) ? », Cultures & Conflits, 26-27, [En ligne], mis en ligne le 15 mars 2006. URL : http://www.conflits.org/index373.html.

J'ai enlevé des phrases trop complexes. J'ai probablement trouvé aussi d'autres éléments ailleurs.

Problématique : une frontière sensible

Les immigrés clandestins étaient probablement 11 millions en janvier 2006. Parmi eux, 6 millions de permanents et 4 millions de temporaires.

L'immigration permet à la population américaine de croître à un rythme supérieur à celui des autres pays industrialisés : 40 % de la croissance démographique américaine est due à l'immigration.

Origine des immigrés en 2002 :

·         Mexique : 219 380

·         Inde : 71 000

·         Chine : 61 282

·         Philippines : 51 308

·         Viêt Nam : 33 627

·         Salvador : 31 168

·         Cuba : 28 27200008218

Dans les discours dominants les questions de frontière sont présentées comme des menaces. La Californie fait figure de précurseur. C'est là qu'ont été adoptées les mesures les plus sévères, comme la Proposition 187 qui interdit aux clandestins les droits sociaux et l'accès à l'éducation publique. Et, c'est là (et au Texas) qu'ont été mis en place un mur en tôle d'acier séparant San Diego de Tijuana, un fossé, l'augmentation des agents de la Border Patrol, le redéploiement de l'Armée et la réimportation des techniques militaires expérimentées à l'étranger, la construction de nouveaux centres de détention, la création d'un centre de recherches pour tester les technologies modernes, telles que les ondes électriques pour stopper les véhicules en marche, les détecteurs de drogues, la signalisation des mouvements, les empreintes digitales et vocales, etc.

Pourquoi malgré une activité économique intense donne-t-on tant d’importance à cette frontière ?

Pourquoi la frontière avec le Canada est-elle considérée comme moins dangereuse ?

I) aux E.-U. la frontière est un symbole important

1) Un mythe ancien

Contrairement à l'Europe occidentale, la frontière aux États-Unis ne correspond pas à l'affirmation de peuples anciens. Ne relevant pas de la géographie physique, elle est artificielle.

Au temps de la conquête des terres indiennes, la frontière avait pour but de former les énergies. Repris par Roosevelt et Kennedy, ce mythe occupe une place importante dans le maintien de l'identité nationale. Les États-Unis constituent un pays où " la personnalité américaine " n'est pas définie clairement.

La frontière distingue entre les " barbares " et les " civilisés ", le chaos et l'ordre.

2) Les politiciens utilisent la peur des étrangers

Pour les Américains la frontière protège contre un ennemi qui menace la "civilisation".

La frontière est désignée par deux termes :

- frontier, qui a le sens de zone, lieu de rencontre,

- border, qui désigne la frontière entre les États. C'est ce dernier qu'on trouve dans les discours sécuritaires. Il prend le sens d'une ligne administrative séparant deux entités, deux juridictions

Mais les plus convaincus par ces idées sont les gouvernements, les agences de sécurité et certains politiciens qui en profitent pour se faire réélire.

3) Pour la population c’est au contraire un lieu d’échanges et de vie

Pour beaucoup de Mexicains, la frontière peut être traversée et retraversée librement. Vivant à proximité, ils ont du mal à repérer où s'arrête leur frontière. De ce fait, ils vivent la migration comme un droit naturel.

Certains " commutent ", c'est-à-dire résident au Mexique et vont travailler dans la journée aux États-Unis où souvent leurs enfants sont scolarisés, d'autres vont travailler temporairement dans les exploitations agricoles du Sud de la Californie. Il y a ceux qui se rendent aux États-Unis pendant la journée pour faire des courses etc., ceux qui y résident définitivement et ceux qui passent la frontière pour trouver du travail, pour retrouver leur famille ou pour une autre raison et qui ne possèdent pas les documents requis par les autorités américaines.

La frontière n'a jamais empêché les mouvements migratoires, ni le métissage. C’est une zone par où transitent quotidiennement des milliers de personnes et de biens, où il y a une économie florissante grâce aux maquiladoras.

La zone frontière est un lieu original, ni tout à fait mexicain ni tout à fait américain mais un mélange, où l'on retrouve les habitudes mexicaines et les styles de vie américains mais où la langue espagnole ne cesse de se développer. Une Mexamérique.

Ce métissage et cette mobilité posent un problème pour les autorités. On ne peut plus distinguer entre Américains et Mexicains. Ainsi, on parle de la rapide diffusion de l'espagnol et l'accroissement de la population d'origine hispanique. On cite les prévisions selon lesquelles, en l'an 2050, les Américains blancs deviendraient une minorité et 29 % de la population de la Californie serait hispanique.

Les autorités redoutent que les passages frontaliers, la création des liens multiples par delà des frontières et le métissage culturel remettent en cause leur pouvoir sur les populations.

II) L'immigration mexicaine

1) Une politique qui varie

Au départ, la frontière était perméable. L’exclusion ne s'opérait pas à la frontière, mais à l’intérieur. La ségrégation raciale, la discrimination socio-économique, les différences linguistiques servaient de barrière.

A partir de 1920 que les contrôles aux frontières furent rétablis. Le contrôle de l'immigration. fut instauré avec les quotas par nationalités, en 1921 et 1924. Ces quotas étaient instaurés contre les migrants des pays de l'Europe du Sud et de l'Est. Mais les européens tentèrent d'entrer par la frontière mexicaine. Et, c'est pour faire face à ce problème que fut créée en 1924 la Border Patrol, la patrouille frontalière.

L'attitude des Américains face aux Mexicains a toujours été complexe. Ils les ont tantôt aimés, tantôt refoulés. Au départ, les Mexicains étaient préférés parce qu'ils n'étaient pas coûteux et venaient d'un pays voisin. On pensait qu'ils n'avaient pas l'intention de s'installer.

Mais l'immigration mexicaine a renvoyée massivement pendant les périodes de crise.

2) La peur des immigrés

Dès la fin du XIXe siècle, on distinguait entre " étrangers désirables " et "indésirables". On caractérisait ces derniers par des critères de moralité, de moeurs ou d'opinion politique. On refusait l'entrée aux prostitués, aux malades mentaux, aux vagabonds, aux enfants non accompagnés, aux criminels, aux communistes, etc.

À ces critères furent ajoutés des critères de nationalité. Cette discrimination commença par les Chinois en 1882, et les Japonais internés de 1942 à 1946, et a ensuite, touché les Mexicains.

Leur exclusion s'accentua avec l'arrivée des familles.

3) On assimile les étrangers à des criminels

Vers la fin des années soixante-dix les discours parlent de la faiblesse des contrôles aux frontières.

Dans les années quatre-vingt, on relia la question de la frontière aux questions de l'immigration clandestine, du trafic de drogue et de la criminalité.

La demande de main d'oeuvre clandestine est restée considérable dans les exploitations agricoles du Sud-Ouest, le bâtiment et les services. Pourtant on accusa les sans-papiers de ne venir que pour profiter des aides sociales et de l'éducation.

La peur de l'immigration clandestine a été accentuée avec la question du trafic de drogue. Ainsi, selon les autorités, le Mexique est le lieu de transit de la cocaïne. Celle-ci entre avec les autres drogues avec les clandestins et les passeurs. La conséquence de ce couplage a été le déploiement de l'armée à la frontière et la construction en 1989 d'un Mur en tôle d'acier, long de 8 km, entre San Diego et Tijuana. Depuis l'armée coordonne les activités à la frontière dans la lutte contre le trafic de drogue et l'immigration clandestine. mur_frontiere_usa_mex

Depuis le début des années quatre-vingt-dix, l'élargissement de ce discours à l'insécurité, à la violence urbaine, aux incivilités et au multiculturalisme.

Cela donne lieu à des lois sur l'immigration plus restrictives et au renforcement du contrôle des frontières et à la mise en place d'un contrôle à l'intérieur.

III) Le contrôle de la frontière

1) Les autorités responsables

Le contrôle de la frontière est une responsabilité fédérale. Sont déployées à la frontière environ 56 agences de sécurité. Certaines d'entre elles se trouvent également du côté mexicain malgré les réticences du gouvernement mexicain. L’un des dossiers épineux entre les gouvernements américain et mexicain porte sur l'autorisation des agents de la DEA30 de porter des armes sur le territoire mexicain.

Du côté américain, on retrouve en outre des associations privées, comme par exemple Light Up the Border, une association de citoyens de San Diego qui se propose "d'aider" la Border Patrol au repérage des clandestins sur l'autoroute ou à l'aéroport.

2) La Border Patrol

Parmi les agences qui contrôlent la frontière se trouve la Border Patrol. Ses agents, en uniforme, sont armés. Elle surveille les frontières terrestres et les ports d'entrée et arrête les clandestins et les trafiquants de drogue. Ses agents patrouillent dans un périmètre de 25 miles (40,2km), ce qui leur permet d'intervenir dans des lieux aussi éloignés que Los Angeles. Ils peuvent contrôler les personnes et les véhicules et mener des recherches dans les fermes. Pendant les opérations, ils peuvent être à pied, en voiture ou en Jeep, à cheval, en avion ou en bateau. Leur mission a été étendue au contrôle de stupéfiants. Ceci leur a permis de porter des armes sophistiquées (ils sont passés du Magnum 357 au fusil semi-automatique M-16.

Qui sont les agents de la Border Patrol et comment sont-ils recrutés ? Chaque gouvernement augmente le nombre des agents de la BP, les agents sont recrutés sans que l'on vérifie leurs qualifications. Leur salaire annuel varie entre 25 000 et 26 000 $ pour un débutant et atteint 35 000 $ après cinq ans d'ancienneté.

Sur le plan de la composition ethnique, on retrouve très peu d'"Africains-Américains" et peu de femmes. Par contre, on remarque une forte hispanisation. Une grande majorité de ces agents sont les petits-enfants des ouvriers mexicains venus travailler aux États-Unis. Pour ces jeunes la Border Patrol apparaît comme une ascension sociale. Seulement, " l'ennemi " est leur communauté d'origine. Certains d'entre eux vivent douloureusement la situation.

Les agents de la Border Patrol et de l'INS arrêtent environ un million de personnes par an. Mais cela ne dissuade pas les clandestins. Les autorités ont mis sur pied des opérations en déployant plus d'hommes et en utilisant les méthodes les plus modernes issues des guerres du Vietnam et du Golfe (repérage infrarouge, senseurs, détecteurs de mouvement, caméras détectant les passagers des véhicules en marche, détecteurs de drogue, empreintes digitales et vocales, etc.). muertos

3) De faibles résultats

Les autorités ont été obligées de reconnaître que les opérations avaient eu pour effet de déplacer le passage des clandestins vers l'Est. De même, la technologisation des contrôles n'a pas donné les résultats escomptés. Elle a accru les tarifs des passeurs qui ont inventé des " contre-technologies " simples, comme, par exemple, d'obstruer avec du chewing-gum les machines de contrôle.

La solution la plus extrême serait de fermer totalement la frontière, longue de 3 200 km. Mais cela serait contraire aux principes de la démocratie et entrerait en contradiction avec l'ALENA. nouv_mur

Même si un gouvernement optait pour cette solution, il ne disposerait pas des moyens nécessaires. La " borderpatrolisation " totale reviendrait à 4,8 milliards de dollars.

Le contrôle de la frontière est impossible à réaliser. Au fond, ces discours sont destinées à réconforter les opinions publiques.

4) Le contrôle à l'intérieur

La peur des étrangers pousse les responsables à étendre les contrôles vers l'intérieur.

Les discours établissent un lien entre les thèmes de culture, d'identité et de flux migratoires. On présente le migrant comme l'"autre", qui s'introduit dans les pays développés et menace leur identité culturelle. Lorsqu'on parle de questions portant sur l'éducation, la préservation de l'anglais comme la langue "officielle", la famille, les styles de vie, on accuse des communautés.

On parle d’une perte des valeurs américaines et on encourage le contrôle des identités non WASP. Cette focalisation identitaire influence les rhétoriques des contrôles aux frontières, de l'attribution des droits sociaux et parfois même du droit à la scolarisation.

On transforme la question de l'intégration en une question culturelle. Cela accentue les conflits.

L'Administration américaine utilise des catégories ethniques pour décrire la société. Celle-ci serait composée de quatre groupes : les Africans-Americans (les Noirs), les Asiatiques, les Hispaniques et les Native-Americans (les Indiens).

Les Blancs ne sont pas cités comme un groupe ethnique à part. L'appellation ethnique a des effets différents selon qu'il s'agit des Blancs, des Hispaniques ou d'autres minorités. Pour les premiers, il s'agit d'une " ethnicité symbolique ", enracinée dans des traditions familiales et renforcée par la référence à des aspects agréables et librement choisis. Ainsi, on aime bien rappeler les traditions culinaires ou vestimentaires, les références littéraires, les mythes gentils etc., mais ceux-ci n'ont aucune répercussion sociale.

Une autre question est celle du multiculturalisme. En demandant la modification des programmes scolaires, le multiculturalisme porterait atteinte à l'unité. D'une part, on met en avant les caractéristiques culturelles des migrants, et, d'autre part, on refuse de reconnaître ces caractéristiques.

Pour contrer cette menace, les contrôles, se déplacent vers l'intérieur, et se focalisent sur des lieux où on peut les surveiller, contrôler et punir. Parmi ces lieux, on trouve les organismes de distribution des droits sociaux comme l'assurance chômage, l'allocation d'aide aux familles avec enfant à charge, le complément de retraite, l'indemnité d'incapacité, etc. ainsi que les établissements d'enseignement publics.

Dans les discours sécuritaires, les droits sociaux sont présentés comme constituant un " attrait " pour les migrants. Ceux-ci ne viendraient aux États-Unis que pour en profiter. Ces avantages permettraient aussi à ceux qui se sont illégalement infiltrés, ou à ceux qui sont rentrés en bénéficiant des regroupements familiaux, de rester aux États-Unis.

Ce qui donne lieu à la mise en place d'un nouveau contrôle, qui s'effectue avec la vérification du numéro de sécurité sociale, mais aussi avec le contrôle de l'attribution des droits sociaux. Les services sociaux sont transformés en des lieux de contrôle de l'identité des bénéficiaires et les conditions du bénéfice des droits sont durcis. On refuse les droits aux parents célibataires, aux mères n'ayant pas atteint l'âge de la majorité, il faut accepter tout offre d'emploi et ne pas vivre des aides publiques) etc. Le dispositif soumet les bénéficiaires à un fichier, où il ne s'agit pas d'inscrire seulement les caractéristiques juridiques mais aussi celles relevant des formes de vie. Si au bout de deux ans le bénéficiaire ne se conforme pas, il sera rayé de la liste.

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