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lycée banlieue culture
26 mai 2014

Terres d’islam II, expo Genève

Genève, musée de l’Ariana.
Terres d’islam II, exposition
.
Visite d’avril 2014.

Cette exposition nous montre des céramiques perses (surtout) mais aussi ottomanes et maghrébines.
Le début du circuit est fort pédagogique avec une belle carte représentant le monde musulman de Gibraltar à Samarcand (Asie centrale). Une frise chronologique voudrait nous éclairer sur la succession des princes. Hélas, un commentaire refroidit nos ardeurs : "dans un ballet d'une rare complexité les dynasties se succèdent".   

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Ici, je développerai deux thèmes :
- Les influences artistiques entre civilisations.

- La présence de la figure humaine dans l’art islamique. 

Les liens entre Extrême Orient, Perse et empire ottoman.

La technique de la faïence fut mise au point en Mésopotamie au IXe s. Très vite, elle reçoit l’influence de l’art chinois des Tang. On admire un bol bleu de Basra (IXe s), des coupes de Transoxiane des Xe et XIe s. Les surfaces sont blanches et le décor a une teinte bleu cobalt. Des gisements de cobalt sont cités en Iran vers 1300.

La technique Iâjvardina date de la fin du XIIe s et se développe en Iran à partir d’une influence mongole.

Voici maintenant des céramiques en pâte siliceuse du XIIe s. Elles sont simples, beiges clair. On les dit influencées par la porcelaine chinoise qingbai de l’époque Song (960-1279).

La glaçure bleue turquoise est obtenue par l’adjonction d’oxyde de cuivre. Deux bols et un plat verts. Ils copient la porcelaine chinoise à couverte verte céladon des Yuan (XIIIe-XIVe s).

Les céramiques bleues et blanches sont en vogue dès le XIVe s. Elles reçoivent l’influence de la Chine. Leur essor est favorisé par la paix qui règne sous Abbas 1er. Le shah et la noblesse safavide collectionnent des porcelaines chinoises. Les artisans perses s’en inspirent. Les céramiques représentent des pagodes chinoises. Lieu de fabrication Meybod en Iran au XXe s.

Autre influence chinoise, celle de la technique « anhua » (décor caché). Le motif de ces céramiques n’est visible que sous une lumière frisante. Beaucoup d’artisans qui font de l’anhua copient le motif chinois du dragon kui.

Passons maintenant aux Ottomans. 

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Ils ont fait venir des verriers et potiers étrangers. Par la suite les potiers locaux osent faire preuve d’originalité et les motifs se diversifient.
La porcelaine Kütahya, utilitaire, est liée au service au café. On note une influence de la porcelaine chinoise mais aussi de décors de style arménien.

A Iznik à partir du XVIe s on reproduit beaucoup le motif en forme d’écailles de poisson. On copie les animaux fabuleux du bestiaire chinois mais aussi l’étoile de David que la tradition musulmane assimile au sceau de Salomon. Puis on ajoute des motifs locaux comme l’imitation du marbre.

L’Extrême-Orient a conscience de cette influence qu’il exerce sur le Moyen Orient. Deux plats calligraphiés de textes coraniques ont été fabriqués en Chine au XVIIe s dans le but d’être vendus sur le marché musulman.

Les courants d’imitation se dirigent aussi vers l’ouest européen. Les décors à composition florale des plats d’Iznik influencent la faïence vénitienne dite Candiana (XVIIe s.). Les poteries de Nevers à fond bleu reprennent des bouquets typiques de l’art d’Iznik. A Rhodes les assiettes imitent aussi les motifs d’Iznik (XXe s.). Il en est de même pour les vases florentins de la fin du XIXe s qui imitent les anses des vases d’Iznik mais aussi les oiseaux chinois.

L'ancienneté de la figure humaine dans l’art islamique

On a la mauvaise habitude de dire que l’islam interdit la représentation de la figure humaine (d’où la forte présence dans l’art musulman de motifs géométriques, de fleurs et de calligraphies).

C’est inexact ou en tous cas très réducteur. C’est une mauvaise interprétation du Coran que l’on rencontre tant chez les musulmans eux-mêmes que chez les Européens.

L’islam insiste (à tort ou à raison) sur le monothéïsme et la toute-puissance (réelle ou supposée) du « pouvoir divin ». L’artiste qui peint ou sculpte un être humain est perçu comme un concurrent de la chose divine (qui serait la seule créatrice légitime). Dieu le seul Créateur etc. etc. Cette croyance accorde une valeur magique aux images. En agissant ainsi les musulmans ne sont pas très différents des chrétiens iconoclastes de l’empire byzantin (Péninsule balkanique, Asie Mineure) qui détruisaient les images saintes ou icônes chrétiennes. Il s’agît de croyances très anciennes présentes dans plusieurs religions.
En réalité l’art musulman, surtout en Egypte ou en Perse, a toujours connu des représentations humaines. L’art musulman est beaucoup varié qu’on le dit, surtout dans le monde chiite.

Au XIIe s à Kashan on fabrique de petites pièces décoratives et coûteuses, dites « de petit feu ». On voit une coupe avec des personnes assises, une coupe bleue avec des cavaliers.

Voici maintenant des coupes iraniennes du XIIIe s qui montrent des cavaliers au milieu d’un décor d’arbres, de griffons, d’oiseaux etc.
Une vitrine présente une curieuse céramique bleue turquoise. Elle représenterait dix orants, des personnages priant dans une pièce. Il s’agirait d’une représentation d’une grande fête iranienne, le Nowruz, le Nouvel An perse.
Des assiettes ont un visage humain comme motif.
Une grande vitrine expose des carreaux iraniens du XIXe s, faits à Téhéran. Certains représentent des cavaliers, des femmes se promenant dans un jardin. Il s’agit d’évocations d’œuvres littéraires très connues. Une coupe iranienne du XIXe s est influencée par une source littéraire, le Shâh Nâmeh.

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