Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lycée banlieue culture
4 avril 2012

Richard Descoings

A propos de la mort de Richard Descoings.

 

Richard Descoings était un grand serviteur du Bien Public.
Il a réformé Sciences Po en l'ouvrant à quelques très bons élèves issus des quartiers populaires. Cela lui a valu les foudres des autres Grandes Ecoles, très élitistes. Directeurs, professeurs et élèves, fonctionnaires et syndicats, tous s’opposaient à sa vision d’une république ouverte à l’ensemble des catégories sociales. Ceci dit, il faut bien avouer que son ouverture ne profite qu'aux meilleurs élèves des lycées populaires (ex ZEP), une élite de "super-cracks" numériquement réduite. Que faire avec les élèves "normaux" de ces lycées ? Ceux qui sont tout simplement "bons" ou "assez bons" ? Le pari consistait à créer un effet d'entraînement, mais il n'a pas fonctionné. Il existe en section S ou STG beaucoup d'élèves de milieu populaire que l'on ne sait pas comment aider. On ne peut pas non plus envoyer tout le monde à Sciences Po.

En 2008, le ministre de l’Education Nationale lui avait commandé un rapport sur la réforme des lycées. Infatigable, Richard Descoings a sillonné la France, animant des milliers de débats. On peut les visionner en allant sur son site internet. Les débats entre enseignants  y étaient parfois hystériques.
A Sciences Po, j’avais assisté à un débat qu’il animait. On le sentait agacé par le conservatisme des lobbies conservateurs  (syndicats d’enseignants ?). Il voulait réformer mais se méfiait de ceux qui prônaient « le Grand Soir » pédagogique », pour reprendre son expression. Par là, il faisait peut-être allusion aux critiques contre le Bac ou contre la notation. Il recherchait des réformes moins ambitieuses mais réalisables. Il avait le sentiment que le monde éducatif était divisé en deux camps irréconciliables aux valeurs opposées  et que cela rendait impossible ou en tous cas très difficile la mise au point d’une réforme des lycées. De fait, le rapport qu’il a fait n’a pas eu beaucoup de suites, la classe politique étant tétanisée en pensant aux risques (si les lycées font grève…. ma carrière…. les prochaines élections…).
Il aurait pu faire un bon ministre, mais ce n’était pas son objectif.

Les derniers changements qu’il avait apportés à Sciences Po consistaient à développer l’oral, afin d’aider des élèves handicapés par l’impossible maîtrise d’un langage écrit rigide et contraignant, maîtrisable uniquement par les privilégiés (enfants d’enseignants par exemple). Il avait supprimé l’épreuve de culture générale, sorte de code social désuet favorisant ces mêmes privilégiés.
Pour avoir enseigné treize ans en banlieue sensible, j’ai mesuré à quel point cette culture classique et ce langage écrit angoissent les élèves des milieux populaires  qui y voient avec raison un rituel dont le but inavoué est de les exclure.



A voir sur ce sujet :
http://lyceesrp.canalblog.com/archives/2010/08/27/18906765.html
http://lyceesrp.canalblog.com/archives/2009/10/20/15508073.html
http://lyceesrp.canalblog.com/archives/2009/06/13/14065579.html

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité