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lycée banlieue culture
18 juillet 2011

Synésius et l'enseignement

Synésius de Cyrène

DION ou TRAITÉ DE SA VIE (extrait)

Oeuvre numérisée et mise en page par Marc Szwajcer

http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/synesius/dion.htm

 

 

Synésius ou Synésios (370-414)

Philosophe, militaire, évêque

 

16. Je ne trouve pas d’ailleurs que ce soit une condition si enviable que d’avoir des comptes à rendre aux élèves et aux parents des élèves: ils exigent, les uns qu’on leur plaise avec les leçons qui leur sont débitées tous les jours, les autres qu’on les tienne au courant des progrès de leurs fils. Le maître cherche à se faire une réputation parmi ses disciples; il veut soulever, par sa parole, les applaudissements d’une jeunesse bruyante.

 

L’école est donc un autre théâtre, bien plus triste encore que le premier. Mais moi je converse avec qui je veux et comme je veux: le sujet, l’heure, le lieu, je les choisis à mon gré; tantôt je m’instruis avec mon interlocuteur, tantôt c’est lui qui s’instruit avec moi. J’aimerais mieux entendre dire de bonnes choses à d’autres que de les dire moi-même; car nous profitons plus avec ceux qui valent mieux que nous qu’avec ceux qui valent moins.

 

Ces gens qui tiennent école, quelle est leur existence, à part une ou deux exceptions ? Car il est des hommes que leur talent affranchit des ennuis ordinaires de leur métier; partout on voit des esprits distingués qui savent s’élever au-dessus des difficultés et des misères de leur profession. On tient donc école: dès qu’on s’est attaché quelques disciples, on n’admet plus qu’un autre maître puisse rien dire de bien, car on courrait risque d’être délaissé, et de voir les élèves déserter. Il faut penser tout autrement que ses rivaux, si l’on veut avoir un enseignement à soi : or on tient à rester professeur. Le professeur est donc fatalement condamné à la jalousie; et la jalousie, c’est de toutes les passions la plus vile et la plus odieuse. Il fera des vœux pour qu’il n’apparaisse point de sage dans la cité: s’il en vient un, il va le décrier, car il veut être admiré sans partage. Il semble, à ses grands airs, qu’en lui la sagesse surabonde; le vase est plein jusqu’aux bords, on ne peut plus rien y mettre. Mais trouvera-t-on jamais rien de bon dans une âme envieuse et basse ? Est-il rien de plus misérable que l’homme qui ne peut même pas s’améliorer ?

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