Le désir d’enseigner

Jacques Natanson, Le désir d’enseigner. 

In : Imaginaire et inconscient n° 9, 2003, L’imaginaire dans l’enseignement, l’esprit du temps.

Caractère obsessionnel des rites dans l’enseignement. Il s’agit d’une forme de paternité : engendrer dans le savoir. […]

L’enseignant, par son travail, contribue à se reproduire lui-même. Sa réussite, c’est de faire des disciples. […]

Passer sa vie avec des enfants, seul maître en face d’un groupe d’enfants sur lesquels on exerce un pouvoir important, n’implique-t-il pas une peur des adultes ? N’est-ce pas pour cela que l’école est fermée sur l’extérieur ? […]

Tout se passe comme s’il s’agissait d’éviter le contact de ces adultes qui sont les parents. […]

La rivalité existe aussi avec les autres enseignants. […]

Chacun est seul maître dans sa classe. […]

Probablement le besoin fondamental de l’enseignant est de se faire aimer. […] L’enseignant aime l’élève autant qu’il le façonne à son image. […]

L’enfant est prêt à transférer sur l’enseignant le besoin d’affection qu’il porte originellement à ses parents, besoin d’être aimé comme de donner son amour. Cela concerna aussi bien d’ailleurs l’agressivité. […]

Vouloir être aimé par des enfants est peut-être une manifestation de la crainte de ne pas être aimé par des adultes. Les enseignants, surtout ceux de l’école élémentaire, se marient souvent entre eux. C’est aussi une profession où l’on trouve beaucoup de célibataires femmes. […] La peur de la sexualité a pu conduire autrefois à un investissement intellectuel. […]

Les enseignants, eux-mêmes mariés et parents, donnent parfois l’impression d’investir une partie de leur affectivité sur leurs élèves, aux dépens de leur vie conjugale ou familiale. […]

Pour libérer les autres, ne faudrait-il pas être libéré soi-même ?

Solution :  Libération de la parole ? Communication ? Non-violence active ? Pédagogie du désir ?