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lycée banlieue culture
27 mars 2010

La pédagogie nouvelle en URSS

Charles Bettelheim, Les luttes de classes en URSS, 2me période 1923-1930, Seuil/Maspéro 1977.


Page 169. L’école soviétique et l’idéologie scolaire


Dans les premières années du pouvoir sovié­tique, cette école est l’objet de projets de transformations révo­lutionnaires ambitieux1. Cependant, faute de moyens, et aussi en raison de la résistance des instituteurs, ces projets n'ont prati­quement pas d'impact sur la réalité.

En 1923, deux ans après le début de la NEP, ces projets - jamais matérialisés, sauf sous forme d'expériences-pilotes - sont écartés. Comme l'écrit Kalachnikov : « Le romantisme des premières années (est) canalisé dans le lit des réalisations pratiques2 ».

En d’autres termes, les exigences du rétablissement de l’éco­nomie et celles de la révolution démocratique bourgeoise dans les campagnes l’emportent. Si, dans les villes, des expériences « réformistes » se poursuivent dans les jardins d'enfants, les écoles primaires et secondaires3,ce qui prédomine dans les cam­pagnes - sous la pression des paysans riches et moyens et d'une partie des paysans pauvres - c'est le retour à l’« école sérieuse », à une école « de promotion sociale basée sur la sélection et l'idéologie de la compétition (notes, examens)... [ce] qui aboutit à la restauration pédagogique de l'école en tant que reproduisant l'idéologie bourgeoise... 4 ». Cette école est d'ailleurs celle qui est réclamée par les « nepmen » et par la plupart des cadres des appareils économiques et administratifs : c'est également celle qui est conforme à l'idéologie de la masse des instituteurs.

Dans la reproduction des idées conservatrices qui dominent le village népien, l'école qui reprend vies joue son rôle à côté de la famille, de l’église, du mir et du skhod, voire des organisations économiques pénétrées d'éléments porteurs de l'idéologie bourgeoise.


1. Cf., sur ce point, le tome 1 de cet ouvrage, p. 148-149.

2. Cité par D. Lindenberg, L’internationale communiste et l’Ecole de classe, Paris, Maspero, 1972, p. 293. 

3. On n'hésite pas alors à emprunter des recettes pédagogiques à Dewey, Decroly, Kerschesteiner, qui ont à cette époque leurs disciples soviétiques, lesquels s'inspirent aussi des expériences social-démocrates allemandes (ibid., p. 295). 

4. Ibid., p. 295. 

5. En 1928 et 1929, en liaison avec l’offensive anti-koulak et le mot d'ordre de « révolution culturelle » qui est alors lancé, la forme népienne de l'école est vivement critiquée. Des résolutions sont même adoptées qui la condamnent. Mais ces condamnations restent lettre morte : dès 1930-1931, les taches de la « construction économique » l'emportent, et même les expériences pédagogiques ne tardent pas à être abandonnées. On revient aux formes scolaires bourgeoises les plus traditionnelles. 

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