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lycée banlieue culture
8 novembre 2009

Du voile, de l’antiquité à l’Islam

GENOT-BISMUTH Jacqueline-Lise (professeur à Paris III) et DGHIM Chiheb (diplômé en études arabes de l’université de Sousse, Tunisie),

Du voile, de l’antiquité à l’Islam,

Editions de Paris 2003 

 

NOTE DE LECTURE


 


genotLa maquette et la mise en page très embrouillées de ce livre n’en facilitent pas la lecture. Néanmoins on y déniche des analyses  pleines de rigueur et de bon sens.

Les auteurs mènent une enquête à la fois historique, archéologique, ethnologique et religieuse sur le trop fameux voile pseudo-islamique. Après avoir refermé le bouquin, on reste pantois. Comment les partisans du voile font-ils pour déformer et trahir à ce point le message coranique ?


 


Les auteurs commencent par décrire le voile dans les anciennes sociétés méditerranéennes et arabes: à quoi il ressemblait, comment il était porté, les différentes sortes etc. Pour cela, ils utilisent les documents antiques : bas-reliefs, textes etc.

Ensuite ils passent à l’étude rigoureuse du Coran et des hadiths.

Ils notent que le hijeb (voile) n’est cité dans le Coran que rarement : « sept fois, juste sept et la seule fois  où l’emploi est en rapport avec les femmes, ce sont celles de prophète » (page 25).

« Burka » est un mot perse et non pas arabe. Ce n’est pas un mot du Coran (p. 26). Celui-ci parle d’un autre voile, le jilbab (pp 28 et 108), grand vêtement de forme vague et enveloppant répandu dans l’Orient antique (un peu comme le sari de l’Inde). C’est ce grand voile blanc que les Tunisiennes portaient encore il y a une vingtaine d’années, avant que le hijab moyen-oriental ne vienne véritablement coloniser le Maghreb, évinçant de la sorte les traditions nationales.

Quant au khimar, c’est une étoffe que la femme se met sur la tête (page 139).


Pages 108 et 111. Ce que dit le Coran, si on en fait une lecture rigoureuse et prosaïque est simple : les femmes de la famille de Mahomet doivent ramener sur elles un pan de leur jilbab, comme cela elles seront reconnues par tous - même la nuit - et éviteront d’être offensées.


Al Kurtubi ( = Le Cordouan), commentateur du Xe siècle écrit dans son ouvrage « Le collecteur de la loi du Coran », édité au Caire en 1935 et 1945 :

« L’usage des femmes arabes était d’être dévoilées et le visage découvert pour attirer le regard des hommes. L’Envoyé d’Allah leur a ordonné de ramener leur khimar sur leur poitrine quand elles allaient dehors pour leurs besoins. Elles faisaient leurs besoins en plein désert avant que les latrines soient en usage. Elles portaient le khimar pour se distinguer des esclaves ou des servantes. La femme croyante, avant que ce verset-signe ne soit donné, allait dehors pour ses besoins et se faisait assaillir par des voyous qui la prenaient pour une esclave. Elles allèrent se plaindre au Prophète et ce verset lui fut donné ».

Ici le mot « Croyantes » n’est pas clair : il semble désigner les femmes de prophètes (en général) ou les femmes du Prophète (Mahomet).


Page 105. Un autre commentateur, Al-Bukhari, nous livre le hadith suivant :

«  Far’a ibn Abi al Maghra nous a rapporté que ‘Ali ibn Mushar lui a rapporté, le tenant d’Hisham son père, le tenant de Aïcha : Elle a dit : Saouda, fille de Zam’a est sortie dehors la nuit. Omar [qui sera le deuxième calife] l’a vue et l’a reconnue et lui a dit : Sa’ouda ! tu ne peux pas être cachée par Allah ! Elle est allée voir le Prophète et lui a raconté ce qui s’était passé. Il était dans ma chambre en train de dîner. Ses mains se couvrirent de sueur. Un signe lui fut donné qui disait : Allah vous ordonne de sortir dehors pour vos besoins ».

(Edition de Beyrouth 2001, 984).


Fakhr al Din Razi, théologien et philosophe perse originaire du Tabaristan (1149-1209), écrit dans son livre Mafatih al-ghayb (Les Clefs de l’Etrange) XXV 231 : « L’exégèse en dit : les femmes dans les temps de la Jahiliya rejetaient leur khimar vers l’arrière, dégageant leur cou et leurs colliers. On leur ordonna de le ramener sur le devant [la poitrine] pour couvrir leur cou, leurs colliers et tout jusqu’au menton ».


Page 139.

Othman Belkhodja, professeur de théologie de la première classe, sheikh de l’université de la Zitouna. En poste entre 1920 et 1930.

Consultation sur le voile.

« D’après le sens du texte, il est recommandé à la femme de ne se montrer en public qu’avec un vêtement qui lui couvre la poitrine. […] Expliquer le mot khimar comme un voile constitue un contre-sens parce que en langue arabe, le voile qui couvre le visage s’appelle burko et le Coran n’a jamais utilisé ce terme. […]

Ce qui n’est pas permis, c’est qu’elle laisse apparents des vêtements plus intimes qui pourraient éveiller le sens de l’homme  […]. Toute autre interprétation voulant que l’interdiction concerne le visage et les mains n’est qu’une déformation du sens du texte.


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J’ai reçu le commentaire suivant :


Du Voile


Suite à votre note de lecture sur le livre concernant le voile, voici la traduction d'un extrait du livre "Islam and Gender" (je viens de traduire ce livre en ourdou) de Riffat Hassan, universitaire pakistanaise anciennement professeur de la civilisation islamique à l'Université de Texas à Houston aux USA :

 

"C’est malheureux que les vrais mobiles des prescriptions coraniques concernant les femmes n’aient pas été pris en compte dans les sociétés musulmanes. Au lieu d’être considérés comme des êtres mentalement et moralement capables de faire les bons choix en ce qui concerne la conduite à tenir, les femmes sont vues comme des créatures moralement déficientes sur lesquelles un code de conduite doit être imposé.


Non content de « l’habit externe » prescrit par le Coran pour les femmes dans un contexte culturel précis, certains musulmans conservateurs (aussi bien des hommes que des femmes) mettent de la pression sur les femmes de se couvrir de la tête aux pieds laissant seulement le visage et les mains découverts. D’aucun sont allés encore plus loin en stipulant que le visage également (à l’exception des yeux) doit être couvert. Le coran n’a jamais décrété ce genre d’hijab. Ce type d’hijab n’existait pas à l’époque du prophète. Un tel hijab est étranger également à la société urbaine au Pakistan. Concernant l’hijab couvrant le visage, le Docteur Fathi Osman (Egypte) a fait cette remarque pertinente : 'Pendant le pèlerinage (à la Mecque) que un très grand nombre de femmes et d’hommes effectuent ensemble, les femmes ne se couvrent pas le visage' »


Hidayat Hussain

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