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lycée banlieue culture
25 juin 2009

L'hypocrisie des valeurs républicaines

Le communautarisme en France est surtout un communautarisme blanc


Ramon Grosfoguel


Texte pris sur le site de Multitude. Source : Oumma.com, mardi 26 décembre 2006. Mise en ligne le samedi 3 novembre 2007


Il me semble que le système français incarne de manière extrême l’universalisme le plus abstrait qui reflète « une colonialité du pouvoir à la française ». Contrairement aux discours ambiants, le communautarisme en France est surtout un communautarisme blanc, masculin et élitiste. Les instances de pouvoir, qu’il soit politique (Parlement…) ou économique (grandes entreprises) sont tenues par le même groupe qui ne cesse de reproduire ses privilèges.

Le paradoxe, c’est qu’on taxe certains groupes ethniques de communautarisme alors qu’on ne leur laisse pas de véritables moyens d’accéder à certaines sphères socio-économiques. Ils ont beau subir de multiples discriminations à l’école ou au travail depuis des décennies, leur capacité à se défendre est très limitée. Les émeutes d’octobre 2005 illustrent l’impasse dans laquelle se trouve le système français qui proclame d’un côté une égalité théorique et qui de l’autre échoue à imposer une réelle égalité des chances.

L’idée de laïcité à la française reflète cette même logique, elle se veut universelle mais constitue plutôt une forme de « sécularisation de la cosmologie chrétienne », loin d’être neutre. La République française est, à mon avis, la sécularisation de l’évangile de saint Paul. Par exemple, la loi sur les signes religieux n’évoque pas l’idée de respect des religions.

Elle sous-entend plutôt l’idée que pour être totalement français, on ne doit pas montrer que l’on a une religion. De ce fait, on ne peut définir la laïcité comme un principe de respect des religions puisqu’elle nie une partie de l’identité de certains individus. Cette loi n’apporte pas de solution à la musulmane qui est persuadée que le port du voile est une nécessité pour son salut, il en va de même pour le turban des sikhs. J’irai plus loin en soulignant le caractère ouvertement islamophobe de cette loi qui inflige à certaines populations une violence morale qu’on ne mesure pas.


Propos recueillis par Elyamine Settoul

Doctorant à l’Institut d’études politique de Paris

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