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lycée banlieue culture
25 mai 2009

Révision pendant le cours

 Contrôle de connaissances, expérience pédagogique 

 

Mai 2009. Voici une 2de d’un lycée ZEP de banlieue. Lycée difficile, classe difficile. Niveau parfois faible, vocabulaire insuffisant, violences, rejet de la culture classique etc.  Que faire ?

-   Constatant qu’un tiers de la classe déteste la culture et refuse de réviser,

-   que certaines copies sont indigentes,

-   que certains élèves, occupés à mobiliser leur savoir, semblent incapables d’esprit critique, incapable d’éviter la paraphrase des textes,

-   que les blocs de deux heures de cours consécutives posent problème car c’est trop dur …

-   je décide donc de consacrer la première heure à une révision des leçons avec les cahiers (je me sers peu du manuel) tandis que la deuxième heure sera prise par le contrôle lui-même. Au moins, je serai certain que tout le monde aura révisé, me disais-je. Je pourrais les inciter à travailler davantage. Et peu importe que nous n’arrivions pas à terminer le programme.


 Quel est le bilan  de l’expérience ? 

Dix absents sur une trentaine d’élèves. L’absentéisme est très fort dans ce lycée.

Pendant l’heure de révision :

-  « Ah m’sieur, vous avez eu une bonne idée de faire un contrôle comme ça».

-  Les bons élèves ont déjà appris la leçon chez eux ; ils profitent de ce laps de temps pour faire du français ou des maths. Les élèves en difficulté refusent de réviser, le fait de se trouver dans la salle de classe sous ma surveillance n’y change rien. D’autres sont trop nerveux pour pouvoir se concentrer sur une feuille de papier. Ce sont les élèves moyens qui profitent de l’opportunité

Plusieurs se lèvent sans autorisation. Instabilité corporelle, manque de concentration. Quelques portables sonnent. -  Remarques entendues : « J’ai pas révisé », « On peut partir avant la fin ? », « C’est trop dur ». Sur ce point, je pense que l’on a tort d’aligner le niveau du cours sur les élèves les plus faibles « qu’il faut aider », « qui ont eux aussi droit à une bonne note ». Il faut aussi penser à l’élite. Elle a droit à recevoir des cours de bon niveau, sinon elle s’en ira dans un autre lycée ou dans le privé. Elever le niveau, faire un cours peu difficile, n’est-ce pas stimulant pour tous ? Evitons les cours neu-neu qui n’intéressent personne.

Pendant le contrôle :

-   Deux antisèches sur une vingtaine de copies. Je dis qu’ils auront zéro. Ces antisèches sont rédigées, longues. Quel travail !!! A creuser. Retourner cette énergie. Faut-il autoriser les antisèches ? Faut voir. Faut s’adapter.

-   Je surveille avec intensité pour repérer les tricheries, pour savoir ce que valent les contrôles qu’ils me rendront. A part les antisèches sus-mentionnées, pas de problème. Mais cette surveillance m’épuise. Impossible de lire un document pendant ce temps.

-   Mots du texte mal compris : Migrations, highway (mot pourtant défini en bas de la feuille). Certains ne comprennent pas l'appel de note avec la note en bas du texte.

-   Question mal comprise : « Quelles sont les différences entre Chicago et Los Angeles ? » Je voulais leur faire dire que L.A. est une ville sans centre, alors que Ch est organisée sur le modèle des cercles concentriques.


Après le contrôle :

Une fois les copies ramassées, les deux tricheurs viennent protester avec insistance. Ils ne veulent pas du zéro annoncé et se montrent menaçants. « M’sieur vous allez tuer ma moyenne ». Ils ont peur du conseil de classe du troisième trimestre, un seuil d’orientation. Au bout de six minutes, ils finissent quand même par partir.

Je commence à avoir assez de mettre des notes et des moyennes. Que de temps et d’énergie gaspillés. Au lieu de se concentrer sur l’aspect intellectuel, la connaissance, on blablate sur une note sans intérêt, sans utilité. D’autant plus que les redoublements ne servent pas à grand-chose. Et si on supprimait les notes et les redoublements ? Les élèves seraient libérés de leurs obsessions et de leurs craintes et développeraient leur intellect en pleine confiance, sans peur, sans autodévaluation, sans autodénigrement.

En corrigeant les copies je trouve que le niveau est assez bon. L’expérience semble être concluante. Je me doutais déjà que la classe n’était pas si mauvaise qu’elle en avait l’air. Mais leur agitation est tellement forte, leur comportement tellement pénible,  que l’on peut facilement avoir une mauvaise opinion d’eux.

Quoique…  dix perturbateurs étaient absents. Ils n’auraient pas bénéficié de la méthode.


Donc, un succès modéré.

En discutant a posteriori avec les élèves, je voir que beaucoup n’ont pas apporté leur cahier ou classeur. D’ailleurs, certains n’en ont pas, ou c’est un fouillis inextricable de feuilles froissées.

Il faudra reprendre l’expérience avec une autre classe.

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