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lycée banlieue culture
6 mai 2009

Exposition Giotto : François l'humilité radieuse

Exposition sur le peintre Giotto

Eglise du Val de Grâce, Paris

 

11 février  11 mai 2009

Eglise du Val-de-Grâce 1, place Alphonse Laveran Paris Ve

Tous les jours de 13 h 30 à 19 h
Sauf les samedis, fermeture à 18 h

RER Port-Royal ou Luxembourg
Bus 38, 82, 83, 91
Parking Montparnasse et Soufflot

 

Giotto_expoCette petite exposition rassemble une trentaine d’immenses photos d’excellente qualité représentant les fresques de Giotto sur la vie de saint François, peintes au XIIIe siècle sur les murs de la basilique d’Assise, en Italie.

En 1997 un séisme secoue le centre de l’Italie. La basilique de 1228 souffre. Des portions de voûte s’écroulent. Des fresques du peintre Cimabue sont réduites en poussière.

Heureusement on a réussi à en restaurer 30 %. Par contre les peintures murales furent moins endommagées, en particulier celles de Giotto.

 

 

Panneau explicatif : la peinture à Florence au XIIIe s. 

 

Dans la Florence du XIIIe siècle le métier de peintre avait peu de considération car les frais d’apprentissage étant modestes, ce métier n’attirait que les enfants de familles pauvres. L’apprentissage durait entre quatre et treize ans. Les apprentis vivaient et travaillaient dans la maison du maître. Ils formaient une équipe qui ne se quittait jamais. Pour réaliser ses commandes, Giotto voyageait avec tout son atelier.

La fresque est une technique courante dans l’Italie des XIIIe et XIVe s. Elle consiste à appliquer des couleurs sur en enduit encore humide. Toute la difficulté vient du peu de temps disponible pour peindre ; il faut aller vite avant que la peinture ne sèche. De plus la tonalité des couleurs changera lorsque l’humidité sera partie. Et enfin, il est quasi impossible de retoucher le travail.

  Saint François et Assise   o  

Dans l’Italie de ces temps, le commerce et la population urbaine se développent. Il y a beaucoup de bâtiments à décorer. Saint François naît vers 1181/1182. Son père exerce le métier de drapier. A la suite d’une guerre entre cités italiennes, le jeune François est fait prisonnier. Il semble que cette période l’aît beaucoup marqué. Toute sa vie il sera fragile et malade, en particulier des yeux. Très vite il se querelle avec son père qui voit son fils renier son métier. La rupture intervient lorsque François vend un drap pour payer la restauration d’une chapelle. Son père ira jusqu’à lui faire un procès.

François renonce à ses biens et décide de vivre avec les pauvres et les lépreux. C’est vers 1206 que sa vocation apostolique s’affirme et qu’il envoie prêcher ses frères par groupes de deux. En 1209 le pape fonde officiellement l’Ordre franciscains ou des Frères Mineurs et lui donne une règle.

Les papes l’encouragent. En effet, le développement économique et urbain de l’Italie multiplie les hérésies et la contestation se développe : Vaudois des Alpes, Cathares du sud de la France, « Humiliés » du nord de l’Italie

L’implantation rurale du système monacal ne permet pas à l’Eglise de retrouver son pouvoir d’antan. Il est indispensable de favoriser de nouveaux ordres religieux, ceux des Mendiants, plus instruits que les curés de paroisse, qui auront une vie itinérante, prêchant la « bonne » parole de ville en ville, de quartier en quartier.

François voyage en France et en Espagne. Il tente aussi d’aller au Maroc, mais la maladie l’empêche de mener ce projet à bien. En 1219 il part à Acre et Damiette. Il veut prêcher l’évangile auprès du sultan, mais connaissant la difficulté de l’opération, on peut penser qu’ il cherche en réalité le martyr.

Sa vie prend fin en 1326.

 

Après sa mort, la popularité de saint François est forte. Sa vie devient un sujet répandu dans la peinture italienne. Les franciscains se divisent en deux tendances. L’une radicale, celle des Spirituels s’oppose aux magnificences qu’elle juge contraire à l’idéal de pauvreté. L’autre, celle des Conventuels veut montrer à tous la puissance de l’Ordre. Ils l’emporteront. Comme souvent, l’institution l’emporte sur l’idéal moral.

Assise devient un grand centre religieux. Dans les deux basiliques les murs sont entièrement décorés. Tout est polychromie. La peinture n’y est pas libre, le programme est fixé par les Franciscains.

 

  L’art de Giotto   o

Giotto di Bondone naît vers 1267 d’un père laboureur. Il commence à travailler comme apprenti dans le tissage de  la laine avant de se consacrer à la peinture. Il meurt en 1337.

Il travaille pour les papes, les rois et les nouveaux ordres religieux, franciscains et dominicains.

Le cycle des peintures sur la vie de François, influencé par le récit de saint Bonaventure comporte vingt-huit scènes.

Giotto est un rénovateur car il est réaliste. Certes à son époque on ne maîtrisait pas encore très bien l’anatomie. Mais il traduit très bien les émotions, l’intensité dramatique de la narration des histoires, le sens de l’intrigue. Les regards se croisent.

Le visiteur le perçoit dans plusieurs scènes.

Lorsque François prêche devant le pape Honorius et les cardinaux, on voit l’intensité de l’écoute qu’ils lui accordent. Dans la scène de sa mort, la douleur des religieuses agenouillées vous arracherait des larmes. Dans la scène suivante, la lamentation des clarisses sur son corps et la tristesse de leurs regards est émouvante. Les femmes jouent un rôle important dans la peinture de Giotto.

Lorsque la vision de François apparaît devant les religieux du chapitre d’Arles, la stupéfaction se lit sur le visage du frère Antoine.

 

Giotto rend agréables à regarder les bâtiments urbains malgré les balbutiements de la perspective avant la Renaissance. Elie Faure parle à son sujet d’un « grand calme architectural ». La tridimensionnalité des architectures est bien rendue.

J’ai apprécié les couleurs des églises. Je pense aux murs jaunes dans la scène de la mort du chevalier Ceano, aux murs jaunes-verts-rouges dans la scène de l’extase. J’ai ris en voyant pencher la cathédrale saint Jean du Latran dans la scène du Songe d’Innocent III.

 

On appréciera aussi la bleuité des cielsle prodigieux tapis bleu », E.F.), en particulier dans la Vision des trônes célestes.

 

En rompant avec la tradition byzantine, Giotto est une sorte de « libérateur » « national » pour autant que l’on puisse utiliser ces termes pour le Moyen Age. Il se démarque de son maître Cimabue encore très influencé par l’art grec. Giotto, lui, n’imite personne. La nature est son seul maître. Il cherche le naturalisme, la sobriété, la simplicité, « l’équilibre d’âme » et ses « ondes calmes » (E.F.). Il peint la vie ordinaire de tous les jours dans les villes italiennes.

« Au chant XI de son Purgatoire, Dante fait dire vers 1320 à Oderisi da Gubbio, enlumineur à Paris, que Giotto avait éclipsé Cimabue […]. Pour Boccace, la peinture de Giotto n'égaie pas seulement les yeux des ignorants, mais réjouit aussi l'esprit des savants (Décaméron, VIe journée nouvelle V). Vers 1320 encore, un commentateur de La Divine Comédie de Dante reprend la comparaison entre Cimabue et Giotto […]. Les jugements de valeur, tous élogieux, certains dithyrambiques, se poursuivent jusqu'aux années 1340 environ ».  (Encyclopædia Universalis).

 

Informations tirées de

- Panneaux de l’expo, certains basés sur Lucia Corrain, Un maître précurseur : Giotto, Hâtier 1995

- Encyclopædia Universalis 2009, art. sur Giotto, http://www.universalis.fr/encyclopedie/H096531/GIOTTO.htm

- H. Giguère, Les mouvements spirituels de la fin du XIIe et du XIIIe siècles, http://www.geocities.com/~hgig/csp/nvmouvma.htm

- Elie Faure, Histoire de l’Art, l’Art médiéval, Livre de Poche 1964.

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