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lycée banlieue culture
22 février 2009

Judéo-arabes de Grenade et Lunel, 1190

Les juifs arabes d’Espagne, 1190

Document pour un module d’histoire de 2de

Présentation

Judas Ibn Tibboun, originaire de Grenade, émigre à Lunel pour fuir les Almohades. Cette lettre à son fils, écrite sous forme d’admonestation vers 1190, atteste de la survivance de la culture arabe au sein de l’élite juive émigrée en terre chrétienne.

Document

Tu ne profites pas, morigène-t-il son fils, de l'occasion qui t’est offerte en utilisant la bibliothèque que j'ai réunie à grand-peine ; tu n'es pas sans savoir que Samuel Ibn Nagrela - le ministre tout puissant des rois zirides de Grenade, au début du XIe siècle - dut son ascension à sa maîtrise dans l'art de la calligraphie, et tu ne t'appliques pourtant pas pour faire des progrès en écriture arabe, et pour ce qui est de l'écriture hébraïque, ton précepteur particulier déclare forfait devant ton incapacité à assimiler son enseignement Tu aurais pourtant dû prendre exemple sur le fils de Sheshet Benvemiste, le médecin et trésorier du roi d'Aragon ; il a tout juste douze ans, et on ne peut distinguer une page écrite de sa main, d'une autre rédigée par son professeur. Mais tu préfères, il est vrai, négliger les conseils diététiques de la médecine arabe, et passer ton temps dans les banquets et te gâter la santé en t'empiffrant. Tu n'as même pas de respect pour ton père : tu as toujours refusé de me montrer les lettres ou les pièces de vers que tu expédies à l'étranger, alors que Zerahyah Hallévi, nonobstant toute sa notoriété, n'a jamais manqué de me soumettre ses productions poétiques ou ses lettres, même purement personnelles et adressées à son frère, avant de les dépêcher.

Cité dans Maurice Kriegel, Les juifs à la fin du Moyen Age dans l’Europe méditerranéenne, Paris 1979, p. 145-146

Photocopie distribuée dans le cadre d’une conférence dans un stage de l’académie de Versailles en 1996. Ce stage se déroulait dans un lycée hôtelier où la nourriture valait à elle seule le déplacement…

Compléments d’informations 5_almoravides

- Zirides =

Bourgade espagnole, Grenade entre dans l'histoire au début du XIe s., lorsque des Zirides – (Berbères) –, offrant leur service au calife de Cordoue, débarquent en Andalousie. Les Zirides font de Grenade, alors peuplée essentiellement de juifs, la capitale de ce district.
La dynastie ziride administre efficacement Grenade avec le concours des vizirs juifs.
Se heurtant à l'hostilité de leurs voisins musulmans et chrétiens, les Zirides consacrent de grosses sommes pour les fortifications de leur ville sans, pour autant, venir à bout de leurs adversaires.

- Almohades =

La dynastie des Almohades est une dynastie berbère et musulmane issue d'un mouvement de réforme religieuse, qui règne sur le Maghreb et la Péninsule Ibérique musulmane de 1147 à 1269.

Ils sont bordés par l’océan Atlantique à l’ouest, par le Portugal, Couronne de Castille et Couronne d'Aragon au nord, par Ayyoubides et Fezzan à l’est, et au sud par Sahara.

- Lunel =

Ville languedocienne située entre Montpellier et Nîmes.

À la fin du XIIIe s., la ville compte plus de 5 000 habitants, signe de son dynamisme.

Au XIIIe s., une importante communauté juive, installée semble-t-il depuis le XIIe s., est présente à Lunel. Originaire probablement d’Espagne, elle fuyait la reconquête des chrétiens sur les musulmans. L’importance de Lunel, « petite Jérusalem médiévale », est incontestée aux XIIe et XIIIe s., et ce, grâce à l’installation d’un foyer actif d’intellectuels juifs, dont le rayonnement dépassait largement la région.

- Samuel ibn Nagrela (993-1060), dit Samuel ha-Naguid, né à Cordoue, vit à Grenade et y reçoit une solide formation hébraïque et talmudique, ainsi que dans les sciences mathématiques et la philosophie. Il parle plusieurs langues, possède parfaitement l'arabe et a un beau talent de calligraphe. Il est nommé vizir du roi Habbus, puis de son fils aîné Badis dont il appuie la revendication au trône. En signe de gratitude, Badis donne à son vizir le plein contrôle de son royaume, que Samuel gouverne avec sagesse pendant plus de trente ans, menant de victorieuses campagnes contre le royaume de Séville et ses alliés, ou usant de son habileté diplomatique pour promouvoir ses intérêts. Samuel répand un tel lustre sur les Juifs de Grenade qu'ils lui confèrent le titre de Naguid, ou Prince.

Poète doué, Samuel ha- Naguid compose des poèmes sur la guerre, l'amour et l'amitié. Il fait aussi l'éloge du vin, et chante les plaisirs ou les chagrins. Sa poésie a souvent des accents mélancoliques, notamment dans ses élégies qui pleurent la mort d'un ami ou les souffrances du peuple juif exilé et sa nostalgie de Sion.

- Schèschét Benveniste =

Dans l’Aragon et la Catalogne, les Juifs vivaient dans une complète sécurité et pouvaient s’adonner librement à des travaux intellectuels. Le roi Alphonse II (1162-1196), grand admirateur de la poésie provençale, protégeait les savants, qui, à cette époque, étaient presque tous Juifs.

Schèschét Benveniste était médecin et philosophe, poète et talmudiste. Comme il connaissait à fond la langue arabe, le roi d’Aragon lui confia plusieurs missions diplomatiques. Comblé d’honneurs et de richesses, il devint le protecteur de ses coreligionnaires. Les poètes célébrèrent l’élévation de ses sentiments et sa générosité.

Zerahya Hallévi =

La petite communauté de Girone, en Catalogne, fut le berceau de plusieurs hommes de mérite. Un de ses enfants les plus illustres fut Zerahya Hallévi Girondi, esprit sagace, qui osait examiner avec impartialité et critiquer, s’il le fallait, les travaux des plus grands talmudistes. Ses hardiesses, incomprises des talmudistes de son temps furent vivement attaquées par ces savants.

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