Russie URSS 1917-1939

L’URSS, premier etat communiste

1917-1939

cours de première

I) 1917, révolte contre l’injustice

1) Avant 1917 : un empire autocratique

La religion chrétienne orthodoxe, conservatrice, très liée à l’Etat et à la noblesse

Le tsar (empereur) concentre beaucoup de pouvoirs dans ses mains

Une Douma (assemblée nationale), depuis 1906. Ses pouvoirs sont faibles. Elue au suffrage censitaire.

Expansion coloniale de la Russie depuis la fin du Moyen Age. Résultats : c’est un empire multinational : russes, baltes, musulmans turcophones d’Asie centrale

1914 : elle est en guerre contre l’Allemagne et l’Autriche. Cette guerre est très impopulaire.

2) Une majorité de pauvres

Le niveau du PNB réel par habitant de la Russie se situe en 1913 à la moitié de celui de la France, à un niveau inférieur à l’Italie. C’est la 4^me puissance industrielle du monde, mais elle est deux fois et demie plus peuplée que l’Allemagne.

En 1913 la moitié de la population a encore un père, un grand père qui a été serf.

70 % d’analphabétisme mais il y a beaucoup d’étudiants. Le TMI est deux fois plus élevé qu’en Europe occidentale. La vie des paysans est misérable.

La population augmente vite : 1,7 % par an.

3) La révolution bourgeoise-démocratique de février 1917

L’hiver 1916-1917 fut très froid. Rationnement, augmentation des prix. Les ouvrières et ménagères  se révoltent.

Manifestations, grèves à Pétrograd : les ouvriers veulent de quoi manger et la fin de la guerre.

25 février 1917, grève générale. Les militaires se mutinent. C’est l’émeute.

Le tsar est renversé. La Douma élit un gouvernement provisoire bourgeois.

Pour elle il y a une urgence : continuer la guerre.

Dans la foulée de l'insurrection, les travailleurs s'organisent et prennent le pouvoir localement : formation des soviets (conseils) dans les usines, les quartiers et la ville, ainsi qu'une garde rouge (milice révolutionnaire). Au front, les soldats élisent leurs comités et leurs officiers. Pendant l'été 1917, la paysannerie aussi rentre dans le mouvement. C’est un véritable contre-pouvoir qui apparaît, une démocratie directe.

4) La minorité communiste

Les communistes ou bolcheviks dirigés par Lénine et Trotzky sont peu nombreux. Leusr dirigeants sont des intellectuels petit-bourgeois, parmi les militants une élite ouvrière hyper consciente et active. Par contre, presque aucune implantation dans les campagnes, il y a même chez les bolcheviques un fort mépris envers les paysans, considérés comme arriérés.

Les bolcheviques se réclament de Karl Marx qui voulait renforcer l’influence des ouvriers dans la société. Problème : en Russie les ouvriers sont très peu nombreux. Que faire ? (titre d’un ouvrage de Lénine en 1905). Pour faire la révolution, peut-on attendre cinquante ans ou un siècle avant que le capitalisme industriel et la classe ouvrière ne se développent ? Il faut forcer le destin, à tout prix.

Lénine pense que les ouvriers livrés à eux-mêmes sont arriérés et conservateurs ; ils doivent être guidés par une élite de révolutionnaires professionnels. Il faut que les intellectuels injectent depuis l’extérieur les idées révolutionnaires dans la classe ouvrière. Le parti doit être un guide, une avant-garde très bien organisée. Le parti ne peut pas se tromper. Le parti prend la place de cette classe ouvrière si fragile, il se substitue à lui ; il prétend incarner la « conscience » ouvrière. Il se croit plus ouvrier que les ouvriers eux-mêmes… C’est un schéma typiquement chrétien, le parti se calque sur le modèle de l’Eglise chrétienne avec son clergé guidant les fidèles. C’est aussi un schéma bourgeois, au fond : ceux qui savent/ceux qui doivent obéir, ceux qui ont la connaissance/ceux qui ne l’ont pas.

En 1917 Lénine quitte son exil et rentre en Russie. C’est un réaliste. Il comprend immédiatement la gravité de la crise provoquée par la guerre et la chute du tsarisme. Il comprend l’opportunité que représentent les soviets, il va s’en servir pour sortir le petit parti bolchevique de son isolement. Il faut donner « tout le pouvoir aux soviets » dit-il. Ce sont ses Thèses d’avril. Il a du mal à convaincre les autres dirigeants bolcheviques qu’il y a là une opportunité à saisir, mais il finit par y arriver.

Au congrès des soviets d'usines, les bolcheviks gagnent la majorité grâce à leur mot d'ordre de "journée de 8 heures sans conditions" et de "contrôle ouvrier"

Le gouvernement bourgeois, affaibli, ne prend aucune initiative. Le pays veut la paix et la terre. Succès grandissant des bolcheviks.

II) 1917-1921 : la division ouvriers/paysans

1) La Révolution d’Octobre

Novembre 17 : prise du pouvoir par les bolcheviks : prise du Palais d’Hiver.

Les décrets du nouveau gouvernement :

- création d’un gouvernement

- il invite les peuples à faire une paix sans indemnités ni annexions. Il espère une révolution mondiale.

- La terre est donnée à ceux qui la travaillent. En réalité, les paysans n’ont pas attendu l’autorisation des communistes et occupent déjà les grands domaines agricoles.

- Droit à l’autodétermination des peuples non russes

2) Faiblesse du gouvernement bolchevik

Les bolcheviques sont obsédés par le souvenir de la Commune de Paris – une révolution républicaine socialisante de 1871 – qui n’avait duré que quelques semaines.

Début 1918. Aux élections législatives, les bolcheviks n’obtiennent qu’un quart des voix. Lénine dissout l’assemblée.

Les soviets doivent obéir au parti bolchevique. Ils deviennent une « chambre d’enregistrement ».

A l’intérieur de celui-ci, la liberté d’expression se réduit de plus en plus

En mars 1918 la Russie signe la paix. La Russie perd beaucoup de territoires (Pologne, Finlande, Pays baltes...).

Localement, les proclamations d’indépendance se multiplient. Problème : la Russie peut-elle laisser partir le blé et le charbon de l’Ukraine, le pétrole du Caucase ?

Les Occidentaux interviennent contre les communistes de la fin 1917 à 1922. Une coalition regroupe l'armée allemande, l'armée russe des généraux blancs, et les armées française, anglaise et américaine. Elle va envahir la Russie.

3) Se maintenir à tout prix

L’Etat bolchevique envoie des commandos d’ouvriers afin de saisir les récoltes pour nourrir les villes : violences, meurtres...

Nationalisations.

Organisation de l’Armée rouge, de la Tchéka.

Brutalité.

4) Le désastre économique

Révoltes paysannes. Répression sévère. Les paysans réduisent la quantité de terres cultivées : famine de 1918. En 1920 forte disette. En 1920 la production agricole est tombée à la moitié de celui de l’avant-guerre ; pour l’industrie on est tombé à 1/8me.

Ce divorce entre le monde paysan et le « communisme à la russe » sera le grand drame de l’histoire économique russe tout au long du XXe siècle. L’agriculture restera un secteur en retard.

III) la NEP (1917-1928) (Nouvelle politique économique)

1) Les mesures

La situation était devenue catastrophique. Révolte des ouvriers de Pétrograd. Ils veulent plus de liberté.

En 1921 Lénine, réaliste, modifie la politique économique. La NEP consiste à rétablir provisoirement un secteur capitaliste à côté d’un secteur socialiste dont on cherche à améliorer le fonctionnement. Il faut réconcilier les ouvriers et les paysans, refaire l’unité populaire.

Mars 1921 suppression des réquisitions. Les paysans peuvent commercialiser librement les surplus. Retour à la propriété juridique des terres.

Dans l’industrie on dénationalise les entreprises de moins de 20 ouvriers. Elles peuvent vendre librement leur production.

2) Les effets

Résultats négatifs :

L’inflation est forte et les échanges extérieurs sont tombés très bas.

Résultats positifs

La NEP permet en 5 ou 6 ans un retour à la normale. La situation alimentaire s’améliore, notamment dans les villes. Le commerce extérieur progresse.

En contrepartie de la restauration provisoire du capitalisme, la durée du travail est limitée à 8 heures. Assurances maladies et autres mesures sociales. Les chômeurs ont droit à des indemnités. En 1922 l’URSS est le premier pays au monde à introduire des congés payés (deux semaines). C’est le pays le plus avancé en matière sociale.

IV) Staline de 1922 a 1939

1) La prise du pouvoir (1922-1927)

Lénine est malade depuis 1922. Ses dernières lettres recommandent d’écarter Staline, le secrétaire général du parti « qui a des méthodes trop violentes ». Lénine est conscient que la vieille bureaucratie n’a pas disparu, elle n’a fait que s’adapter aux nouvelles circonstances. Comment faire pour développer l’influence des ouvriers sur les usines et l’administration ? Mais il meurt trop tôt en juin 1924.

Staline est né en 1879, en Georgie. Son père est un artisan cordonnier et sa mère fait des lessives. Il se lance à la conquête du pouvoir. Il combat Trotsky et pour cela se sert de l’opposition de celui-ci à la NEP. Trotski est expulsé d’URSS en 1929.

2) Le « grand tournant » de 1928

Une fois assuré du pouvoir, Staline met fin à la NEP.

Agriculture

1928, réquisition de céréales. 1929 collectivisation et élimination des koulaks que l’on déporte

Création de kolkhozes : grandes exploitations collectives.

Industrie

1^er plan : 1928-1932. 2^me plan 1933-1937.

Renationalisation de l’industrie et du commerce de détail.

Appel à la discipline dans les usines, développement des primes, propagande, encadrement des ouvriers. Faible productivité.

3) Les résultats

- Une croissance déséquilibrée

En 1940 elle a doublé son revenu national par rapport à 1913. Croissance de 5 % par an. Le PNB augmente à un rythme élevé.

Mais on a créé de graves déséquilibres entre l’industrie lourde et les industries de biens de consommation. Pour les industries lourdes les progrès sont importants. Elle augmente sa production d’acier, d’électricité. Mais il y a beaucoup de retards dans l’exécution des programmes.

Montée des dépenses militaires. Cette Armée Rouge n’est pas efficace.

La réussite du secteur des biens de consommation a été plus modeste. La Russie produit peu de voitures, des textiles insuffisants en quantité et en qualité. Absence de vêtements confectionnés, gaspillage de ressources et forte pollution.

L’agriculture se modernise : tracteurs et engrais ; mais ces nouveaux moyens sont regroupés dans des stations. Bilan positif pour les céréales. Augmentation de la consommation par habitant. Le pain est bon marché. Pour le reste et surtout les légumes, la viande, les fruits la progression a été plus faible. La consommation de viande était très basse.

Les paysans payaient des impôts élevés. Dans les années 1930, plusieurs millions de morts.

- Progrès sociaux

Moins d’inégalité dans les revenus. Le régime avait aussi commencé à réduire les inégalités entre régions.

Progrès rapide de l’éducation. En 1939 le taux d’analphabétisme est tombé à 19 % alors qu’il était de 70 % au début du siècle. Dès le début des années 1920 la totalité des enfants est scolarisée. Progrès dans l’enseignement secondaire et universitaire. Progrès dans le domaine de la démocratisation des arts et de la culture.

Extension des hôpitaux, augmentation rapide du nombre de médecins.

Absence de chômage.

Faiblesse de la criminalité, de la toxicomanie, de la prostitution.

- La terreur stalinienne

Victimes de la collectivisation, faiblesse des industries de consommation, camps ou goulags, purges de 1936-1937 contre la vieille garde, famine du début des années 1930 etc. Environ 30 millions de morts.

Cependant, on ne peut comparer Staline avec Hitler. Pour ce dernier l’assassinat était un moyen alors que pour Hitler il était un but en soi. L’idéologie non plus n’est pas la même : les nazis voulaient le triomphe des Allemands, la “race des seigneurs”, alors que le communisme promettait l’égalité et la solidarité des peuples.

Fin du syndicalisme libre. La durée de la journée de travail augmente. Baisse du niveau de vie. Le niveau de vie des ouvriers des années 1930 a été ramené à la valeur de celui de 1913.

Le chômage n’existe pas, mais il y a un chômage déguisé sous la forme d’emplois à faible productivité.

1929 restauration du pouvoir des directeurs d’entreprise.

La censure était totale.

Il y a un alcoolisme important.