Jürgen Habermas, L’intégration républicaine

Question simple (simpliste ?) :

Face à l’intégrisme religieux si présent dans les banlieues et leurs lycées, qu’est-ce qui est le plus efficace : la laïcité pure et dure ou le new age ?

Jürgen Habermas, L’intégration républicaine, essais de théorie politique, Fayard,  1998, page 254.

Mais les fondamentalistes ne sont pas les seuls à voir dans la légitimation profane par les droits de l'homme, et donc dans la dissociation de la politique et de l'autorité divine, un défi provoquant. Des intellectuels indiens comme Ashis Dandy publient, eux aussi, des « manifestes anti-laïcité ». Selon eux, la tolérance et la fécondation réciproque des croyances islamique et hindouiste peut être attendue d'une interpénétration de ces deux visions religieuses plutôt que de la neutralité idéologique de l'État. Ils sont sceptiques à l'égard de toute proclamation de neutralité politique, dans la mesure où ne se trouve en fait neutralisée que la signification publique de la religion. À vrai dire, de telles réflexions confondent la question normative de savoir comment déterminer le fondement d'une vie politique qui soit juste, avec une question empirique. La différenciation d'une sphère religieuse séparée de l'État peut effectivement affaiblir l'influence des croyances privées ; mais le principe de tolérance lui-même ne s'oppose pas à l’authenticité et à la prétention à la vérité qui sont celles des croyances et des formes de vie religieuses ; il doit simplement permettre leur coexistence égalitaire à l'intérieur d'une même communauté politique.

Note de l’auteur du blog :

Jürgen Habermas (1929, Düsseldorf), philosophe et sociologue allemand qui s’est fait connaître surtout par ses travaux en philosophie sociale.

Cf sa notice biographique sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%BCrgen_Habermas