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lycée banlieue culture
23 décembre 2007

Moïse dans les légendes musulmanes

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La figure de MOÏSE prophète d’Israël, (dont les historiens ignorent s’il a existé) a inspiré de nombreuses légendes. Il a une place importante dans les légendes musulmanes.
Moussa (son nom arabe) est surnommé rasoul Allah (messager de Dieu) et nabi (prophète) : « En vérité je t’ai choisi de préférence à tous les hommes pour que tu transmettes mes messages et ma Parole » (C, VII-144). Il est le Kalim Allah, celui qui parle à Dieu. On le qualifie de noble, sincère, fidèle. Un hadith  rapporte cette parole de Mahomet qui montre à quel point le fondateur de l’islam vénérait Moïse : « Ne me donnez pas la supériorité sur Moïse, dit Mahomet. Au jour de la Résurrection, tous les hommes s’évanouiront et moi je serai le premier à reprendre mes esprits. A ce moment Moïse sera en train de saisir un des coins du trône ; j’ignore s’il se sera évanoui et s’il aura repris ses sens avant moi ou s’il aura été du nombre de ceux pour lesquels Dieu aura fait une exception » .

Les « légendes dorées » du judaïsme et de l’islam se rejoignent.

Un récit islamique évoque le géant Og qui vivait en Canaan. Il était si grand que lorsqu’il se tenait au bord de la mer et qu’il plongeait sa main dans l’eau, il prenait un poisson, le tenait dans le soleil jusqu’à ce qu’il fut rôti et le mangeait. Les Israélites lui adressèrent douze envoyés. « Ils paraissaient aux yeux d’Og comme des fourmis ; il les mit tous les douze dans la tige de sa botte ». Pour le tuer, Moussa fit un bond formidable, le frappa à la cheville avec son bâton et d’un seul coup le fit tomber mort . Ce récit ressemble fort à un texte du Talmud qui comporte un détail supplémentaire : Og voulant lancer une montagne sur les Israélites, Dieu fit venir les fourmis qui creusèrent un trou de telle façon que la pierre tomba sur les épaules d’Og. Ses dents poussant au-delà de l’ouverture l’empêchaient de se dégager. Alors Moïse frappa.

Les musulmans Tabari et Al -Kissaï rapportent une autre histoire : jouant un jour avec l’enfant qui avait trois ou cinq ans, Asiya, la femme du pharaon, l’assit sur les genoux du roi. Moussa enleva alors la couronne qui se trouvait sur la tête de Pharaon et la remit sur la sienne. Une autre version dit que le bébé Moussa avait confondu la mamelle de sa nourrice avec le menton de Son Altesse, laquelle n’avait pas du tout apprécié. On prétend également que Moussa s’en prenait à la royale barbe. En tous cas, les conseillers du roi s’écrièrent : « Voilà l’enfant qui détruira l’Egypte ; il faut le tuer ». Asiya répondit : « Je veux éprouver cet enfant pour voir s’il a agi avec discernement ». Elle ordonna qu’on apportât deux bassins, l’un plein de feu et l’autre plein de rubis. Puis elle plaça Moussa entre les deux. Moussa se dirigea vers le bassin plein de rubis, mais l’ange Gabriel porta sa main vers le feu et l’enfant prit un charbon ardent, le mit dans sa bouche et pleura. Asiya dit alors : « Vous savez maintenant que c’est par ignorance qu’il a commis cette faute ». « Quant à Moïse, il se forma un noeud à l’extrémité de sa langue, qui perdit la facilité de ses mots. C’est là ce qu’on appelle en arabe ilthrà et parmi les lettres de l’alphabet il y en une, le sin, que Moïse ne pouvait pas bien prononcer. Mais lorsqu’il fut devenu homme et que Dieu lui eut accordé le don de prophétie, Moïse dit à Dieu : " Dissous le noeud de ma langue afin qu’on entende mes paroles "» (C, XX, 28-29). Cette légende fut empruntée à une source juive midraschique qui dit plus simplement : voilà pourquoi Moïse était bègue . On peut supposer que ce point sert à mettre en valeur le rôle prophétique de Moïse (et de Mahomet).

Sur quelques points le Coran et les légendes post-coraniques diffèrent du Premier Testament. Au lieu de la fille du pharaon, c’est sa femme Asiya qui sauve le nourrisson. Les princesses malades guérissent dès qu’elles touchent le berceau.

Comme dans la Bible, Moussa tue un Egyptien, mais le Coran donne des précisions : Moïse frappa « avec quatre doigts et le dos de la main tourné vers l’Egyptien. Or Moïse avait la main lourde et, comme il frappa sur la mamelle, où les coups sont mortels, l’Egyptien tomba et mourut, et l’Israélite fut délivré de lui. Moïse se repentit d’avoir tué l’Egyptien. [...] Il éprouva donc du repentir de l’action qu’il avait faite, et dit, comme il est rapporté dans le Coran : l’action que j’ai faite de tuer l’homme sans que cela fut nécessaire, vient du Démon » .
Dans le Coran le prêtre de Madian a deux filles et non sept. Après leur échec, les magiciens du pharaon finissent par proclamer leur foi dans le Dieu de Moussa. Le Coran ne mentionne pas le deuxième séjour au Sinaï, ni son deuxième jeûne ou le renouvellement des Tables de la Loi. Le bâton de Moussa vient du Paradis : Adam, Ismaïl, Ishak, Yakoub se sont appuyés sur lui ; c’est un bâton miraculeux. L’épisode du rocher, reprenant des textes juifs, parle de douze sources, une pour chaque tribu. Un hadith (recueil de paroles de Mahomet) affirme même pouvoir décrire le physique de Moussa : « Sa’îd-ben-El-Mosayyib rapporte les paroles suivantes de Abou-Horaïra : l’Envoyé de Dieu a dit : la nuit où on m’enleva au ciel, je vis Moussa. C’était une homme maigre, aux cheveux lisses ». Un autre hadith affirme : « Moussa était roux et de haute taille ; on eût dit un homme des Chenoua » .

D’autres différences existent.
Dans le Coran le Pharaon a un rôle plus important que dans la Bible et se pose en rival de Dieu. On peut supposer que cela fait allusion au combat que Mahomet a mené contre des pouvoirs politiques rivaux (chefs de tribus). Plus tard cette image du Pharaon-Satan sera détournée de son sens et utilisée indûment par des extrémistes voulant renverser les gouvernements de leurs pays. Dans la Bible le pharaon meurt encore païen alors que dans le Coran il tente de se convertir à la religion de Moïse. Gabriel rapporta à Mahomet l’entretien qu’il eut avec Pharaon lorsque celui-ci fut enseveli par les eaux : « Or, lorsque Pharaon se trouva sur le point d’être noyé, il prononça des paroles de foi ; mais moi, par un effet de la colère et de l’inimitié que je ressentais contre lui, je poussai mon aile sur le fond de la mer, et je lui jetai de la terre dans la bouche, afin qu’il ne répétât pas les mêmes paroles et que la miséricorde de Dieu n’arrivât jusqu’à lui. Depuis ce jour-là jusqu’à présent, j’ai craint que Dieu n’eut peut-être accepté la foi de Pharaon et ne me punît à cause de ce prince » .

Qu’il nous semble bizarre cet ange intolérant qui se veut plus pur que Dieu. Orgueil et vanité des extrémistes.

Le Coran cite un mystérieux personnage absent de la Bible : Khidr. Est-ce un prophète ? Selon les exégètes, il s’agirait d’Elisée, Jonas ou Lot. Pour certains, Khidr est éternel et vivait déjà avant Abraham ; pour d’autres il en savait plus que tout le monde sur terre. En tous cas Moussa le rencontra dans la mer de Qoulzoum (le golfe Persique ?) ; Khidr l’invita dans sa barque et fit de nombreux miracles mais Moussa, bavard et effrayé, posa trop de questions et Khidr disparut par enchantement.

Dans l’ensemble, les points communs l’emportent. L’islam et le judaïsme sont proches. Les deux cultures s’interpénètrent et se mélangent. A la fois une et deux, confondues et distinctes.
Les récits islamiques sur Moïse semblent venir de la littérature midraschique et du Talmud que les Juifs d’Arabie transmettaient aux musulmans ; ces derniers les embellirent. Il y avait donc des échanges théologiques entre communautés.

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